Amar Saâdani, à propos de l'action en justice
introduite par les contestataires en vue d’empêcher la tenue du 10e
congrès du Front de libération nationale du 28 au 30 mai : «Cette
histoire d'actions en justice, nous en avons l'habitude avec ces gens
là. J'aurais aimé qu'il (Belayat Ndlr) aille vers la base plutôt. Ceci
dit, nous avons confiance en la justice et vous verrez sa décision
mercredi» ! Cette ahurissante réponse résume un peu l'affaire du FLN !
Kamel Amarni - Alger (Le Soir)
Saâdani, qui surgissait de nulle part et au moment où on l'attendait
le moins, en cet été 2013, quelques mois après l'éviction de Abdelaziz
Belkhadem, confirmera, en cette seule phrase, au besoin, qu'il a été
désigné à ce poste, et de force. La célérité avec laquelle il vient
également d'obtenir l'autorisation de tenir le 10e congrès «à la Coupole
Mohamed-Boudiaf, les 28, 29 et 30 mai» comme il avait tenu à le
rappeler, hier lundi au cours d'un point de presse animé en marge de la
réunion du bureau politique, en est une autre preuve.
Puissamment soutenu par la présidence et par le chef d'état-major, il
n'avait, pour rappel, pas manqué de faire une sortie «spectaculaire» en
s'en prenant au service de sécurité et à leur premier responsable à
l'automne 2013 ! C'est ce qui explique également cette imperturbable
assurance au point de se permettre des déclarations fracassantes à
l'encontre de tous ses adversaires.
Hier lundi encore, il n'a pas hésité à comparer ses contestataires aux
sinistres dirigeants de l'ex-FIS ! «Ces histoires de justice, c'est
comme du temps du FIS ! Ces gens là , comme les gens du FIS, dressent
des dos-d’âne, mais cela n’empêchera pas le congrès de se tenir». Avant
de s'en prendre encore une fois à Abderrahmane Belayat.
«Bon, pour vous la presse, ils (les contestataires) sont là pour vous
remplir vos pages ou vos programmes de télevision. Ils croient ou
tentent de faire croire que les journalistes ne connaissent pas les
statuts du parti. Comme par exemple celui qui se présente comme
coordinateur. Or, cette fonction n'existe pas dans les statuts. C'est
une usurpation !» Il ajoutera encore : «Puisqu'il prétend avoir le
soutien des deux tiers des membres du comité central, pourquoi il ne
vient pas les déposer chez le secrétaire général pour exiger la
convocation d'une session du CC sous quinzaine comme le stipulent les
statuts ?»
Pour Saâdani, enfin, «il n'est même pas nécessaire d'introduire une
action en justice pour exiger la réunion du comité central puisque
celle-ci aura lieu». Il fait allusion à la réunion prévue pour le 27
mai, soit la veille même du congrès qui est, par ailleurs, entièrement
ficelé par ses soins. «Nous aurons plus de cinq mille participants à ce
congrès et vous serez agréablement surpris ce jour-là, en découvrant une
salle pleine de femmes et de jeunes»! Ce qui veut tout dire, bien sûr.
Ainsi, les contestataires, quand bien même ils seraient nombreux, ils
seraient tout simplement noyés dans une marée humaine entièrement
acquise à celui qui l’a désignée.
Sur un autre plan, Amar Saâdani réaffirmera que le FLN est «favorable à
un gouvernement politique. Car, explique-t-il, les électeurs votent pour
des partis politiques et ce sont les partis qui doivent rendre des
comptes. Ceci dit, nous ne sommes pas contre la participation de
technocrates». Cette évolution dans le discours par rapport aux
«technocrates» n'est pas innocente. Elle s'explique par le deal passé
avec Abdelmalek Sellal et qui consiste en un soutien total du FLN en
contrepartie d'un quota «consistant» dans le prochain gouvernement.
Enfin, et s'agissant de la révision de la Constitution, Saâdani
affirmera que «oui, cette révision aura bel et bien lieu», refusant
toutefois de se prononcer sur la date de cette révision.
K. A.