Culture : Projection du film-documentaire Merci pour la civilisation ! de Nazim Souissi à El Khroub
Porte ouverte sur une époque ignorée


A l’initiative de l’association Numidi-Art qui n’est pas à son premier «délit» culturel du fait de son accaparement du moindre espace pour lâcher ses «zinzins» du livre, de la musique, du théâtre et présentement du cinéma, une projection-débat du film-documentaire Merci pour la civilisation ! de Nazim Souissi et Zineb Merzouk a eu lieu samedi au centre culturel M’hamed-Lyazid de la ville d’El Khroub.
Le florilège thématique des productions artistiques, littéraires académiques et cinématographiques consacrées aux célébrations, il y a près de trois ans, du cinquantenaire de l’indépendance ont peu ou prou mis en relief les péripéties du mouvement nationaliste, méfaits ignominieux de l’envahisseur et l’héroïsme du peuple algérien durant le siècle dernier, sanctifiant à satiété la guerre de Libération.
Rarement, par contre, l’on s’est attelé à décrire les prémices avérées, au lendemain même de la capitulation du dey d’Alger, un certain 5 juillet 1830, d’une colonisation atroce qui durera 132 ans. Préoccupation qui a inspiré Nazim Souissi et Zineb Merzouk à orienter les regards et l’intérêt sur une période qui présagera les fondements de l’entreprise dévastatrice de la France coloniale.
Merci pour la civilisation !, le film-documentaire qui se penche, précisément, sur les quatre premières années de l’occupation narre de manière poignante l’éphéméride des premières exactions, spoliations et exterminations au nom du triptyque républicain hexagonal.
Apport civilisationnel tel qu’entonné à nos jours par certaines «élites politiques» de l’autre rive de la Méditerranée occultant les caractères génocidaire, d’acculturation et d’oppression rarement égalée. Sans en avoir la prétention, Merci pour la civilisation ! est un pavé dans la mare des réactions officielles timorées face aux allégations historiques factices. Il est, aussi, une invitation aux jeunes générations à une réappropriation de leur histoire. Les témoignages datant de cette époque en question, recueillis et recoupés par le réalisateur et mis en évidence dans le documentaire, sont pointilleusement appuyés par les avis et opinions experts de Brahim Senouci, Fouad Soufi, Dahou Djerbal, Ghanem Laribi et Kamel Bouchama en l’occurrence. Suffisant pour conférer un insoupçonnable crédit au travail qui n’a pour ambition, selon son réalisateur, que d’entrouvrir une porte sur une époque de notre histoire. Un débat ouvert.
Le panel de présents peu nombreux, mais de qualité indéniable qui ont découvert pour la première fois l’œuvre et son auteur, témoignera de ses faveurs et ferveurs. Le professeur Abdelhamid Aberkane, maire d’El Khroub et non moins ex-ministre, ne s’est pas contenté, en effet, d’attester de son admiration pour le travail réalisé par Nazim Souissi et son «acolyte» Zineb Merzouk, mais de garantir de sa disponibilité à projeter le film à travers tous les établissements scolaires de sa commune. Plus emballé, l’inénarrable président de l’association Numidi-art, organisatrice de la rencontre, Lounis Yaou s’en veut presque de ne découvrir que «tardivement» l’œuvre qui mérite à ses dires une ovation supplémentaire recommandant expressément sa duplication en langue arabe et en dialectal ainsi qu’une diffusion la plus large qui soit tant les messages charriés par le film-documentaire à l’endroit des nouvelles générations insouciantes, le plus souvent de leur histoire, sont on ne peut plus émouvants.
Un sentiment partagé par une quasi-majorité des présents qui ont témoigné leur gratitude aux auteurs de Merci pour la civilisation !.
K. G.



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