Actualités : Procès Khalifa
Les trois gestionnaires et la «Thalasso»


De notre envoyé spécial à Blida, Mehdi Mehenni
Au 11e jour du procès Khalifa, le juge Antar Menouar s’est particulièrement intéressé à qui ont profité des bains offerts par Moumène Khalifa, au Centre de thalassothérapie de Sidi-Fredj.
Les accusés qui défilaient à la barre avaient pourtant engagé ou encore reçu l’ordre de procéder à des dépôts en centaines de milliards chez Khalifa Bank.

A l’ouverture de la onzième journée du procès Khalifa, l’ex-DG de l’Enaoc, Bahidj Farid Smati, était le premier à passer à la barre, hier, au tribunal criminel près la cour de Blida. Ce dernier, qui a procédé à partir de janvier 2002 à plusieurs dépôts de plus de 10 milliards de centimes, au niveau de Khalifa Bank, dit l’avoir effectué après réunion du conseil d’administration. Son seul souci, ajoute-t-il, était de rendre fructueux l’argent de l’entreprise en bénéficiant des taux d’intérêts particulièrement intéressants qu’offrait Khalifa Bank. Bahidj Farid Smati explique, également, que c’était pour faciliter les opérations commerciales avec les clients de l’Enaoc, lesquels étaient hébergés chez Khalifa Bank. Le juge veut savoir s’il a bénéficié de privilèges en contre-partie des placements d’argent en question. Il se montre particulièrement insistant sur une carte de gratuité offrant accès libre au Centre de thalassothérapie de Sidi-Fredj, dont l’accusé a bénéficié.
Antar Menouar veut savoir combien de fois il en a bénéficié, si c’est Moumène Khalifa qui lui a offert cette carte de gratuité et à qui il avait remis sa photo d’identité pour sa constitution. Des détails que nous épargnons aux lecteurs même si l’accusé lui-même a eu le réflexe de s’exclamer à la barre : «Mais monsieur le juge, que coûte une carte d’accès libre à la thalassothérapie devant des dépôts de plus de 10 milliards de centimes ?» Une réflexion qui, faut-il le signaler, n’a pas manqué d’irriter Antar Menouar. L’assistance, quant à elle, était plutôt amusée.
L’ex-DG de l’unité des boissons d’El Harrach (BGA), Hamid Bourahla, était le second accusé à comparaître devant le juge. Il explique que le placement des 20 milliards de centimes chez Khalifa Bank a été effectué avant son installation à la tête de l’entreprise, en mars 2003. Néanmoins, il précise qu’il était directeur de l’exploitation et que les placements en question ont généré du bénéfice pour son unité. Un argent, précise-t-il, que l’entreprise a pu récupérer. Le juge s’intéresse encore une fois à la fameuse carte de gratuité offrant accès libre au Centre de thalassothérapie. L’accusé affirme en avoir eu une, et qu’il l’avait utilisée environ vingt fois. A la grande satisfaction d’Antar Menouar, il ajoute que c’était le seul avantage dont il a bénéficié de Khalifa Bank.
L’ex-DG de l’Entreprise nationale de distribution des médicaments en détail, Saïd Si Ammour, était le troisième accusé à comparaître devant le juge. L’Endimed, qui était domiciliée chez le CPA, a ouvert dix comptes courants chez Khalifa Bank au moment où son chiffre d’affaires tournait autour de 1 000 milliards de centimes. Il dira que cette décision a été prise après réunion du conseil d’administration en février 2002 et que lui-même était un peu contre cette option. «Je n’avais pas de raison pour le faire, puisque nous avions de bonnes relations avec le CPA surtout que son directeur était un ami à moi», ajoute-t-il, tout en précisant que les comptes courants ouverts chez Khalifa Bank servaient à faciliter les opérations commerciales avec les clients qu’y étaient domiciliés. Le juge veut encore savoir si celui-ci a bénéficié aussi d’une carte d’accès libre à la Thalassothérapie.
L’accusé répond par la négative. Pour rappel, au début du procès, le juge Antar Menouar s’est particulièrement intéressé à une soirée niçoise bien arrosée, organisée par Moumène Khalifa. Depuis ce samedi, il est plutôt porté sur les bains thérapeutiques au Centre de thalasso de Sidi-Fredj et qui a pu en bénéficier.
Enfin, il est à signaler que le procureur général a fait remarquer aux trois accusés que le rôle de leur entreprise était de produire, générer des emplois et réinvestir en cas de surplus de gains, plutôt que de procéder à des placements et attendre pour le bénéfice des intérêts bancaires offerts par Khalifa Bank. Des taux d’intérêts qui dépassaient les 11%, alors que ceux des banques publiques étaient autour de 5%. Le parquet s’est d’ailleurs interrogé comment ils ne se sont pas rendu compte de l’arnaque.
Les accusés ont tous répondu que la Banque Khalifa a été agréée par la Banque d’Algérie et que cette dernière devait être au courant des taux d’intérêts jadis appliqués.
M. M.



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