
Régions : Aïn-Defla
Une baisse importante annoncée de la production céréalière
La campagne moisson-battage débutera officiellement
le 1er juin prochain dans certaines zones de la wilaya, notamment à
l’ouest, dans les plaines du Bas-Chélif où généralement les températures
sont les plus élevées, mais le ton n’est pas à l’optimisme puisqu’une
baisse de l'ordre de 30 % de la production est annoncée.
Selon les spécialistes du secteur agricole, cette baisse de la
production n’est pas induite par une pluviométrie déficiente ou mal
répartie. Bien au contraire, affirme-t-on, de septembre à mars de cette
année, on a enregistré 362,10 mm de précipitations, soit 108 mm de plus
que l’année dernière. On rappelle qu’entre 1978 et 2002, la moyenne sur
ces quatre années là n’a été que de 121 mm. C’est dire que cette année,
sur le plan pluviométrique, est considérée comme exceptionnelle.
Cependant, on déplore que ce qui est venu porter un coup dur au
développement normal du cycle végétal des céréales, ont été les vents
brûlants qui ont soufflé du sud provoquant un accident hydrique qui a
endommagé les plants sur d’importantes superficies, sauf dans les zones
où les producteurs ont mis en branle l’irrigation d’appoint, mais sur
des superficies restreintes et limitées. Par ailleurs, on note que la
production céréalière ne doit plus être une question de chance, mais
induite par le respect du cycle végétal dans toutes les étapes, depuis
les labours d’été jusqu’à la moisson. Paradoxalement, certains se sont
même livrés à ensemencer en janvier, rendant ainsi la spéculation
aléatoire.
Le directeur des services agricoles préconise de repenser la conception
de la production céréalière, qu’il faut concentrer tous les moyens, dont
le soutien de l’Etat, pour la culture intensive des céréales car la
céréaliculture n’est pas une culture vivrière comme les autres mais un
enjeu stratégique, un défi à relever. Il relève que continuer à soutenir
la céréaliculture dans les piémonts où le rendement n’atteint même pas
les 10 q à l’hectare est une déperdition mais par contre encourager dans
cette zone l’arboriculture rustique comme l’olivier, l’amandier qui
s’adaptent très bien. Il soutient donc qu’il faut revenir à une vision
beaucoup plus économique et même macroéconomique que sociale et
concentrer ces efforts de soutien.
S’agissant de la wilaya de Aïn-Defla, le DSA cite le chiffre de
79 000 ha emblavés cette année répartis en trois zones à savoir la zone
1, qui s’étend sur 22 à
23 000 ha, celle des plaines, du haut Chélif, notamment Djendel, Aïn
Lechiakh, puis une deuxième zone d’une superficie de plus de 30 000 ha
constituée par les plaines de Khemis Miliana, Djelida et le périmètre
d’El Abadia, El Attaf et El Amra. Le reste constitue la troisième zone,
celle des piémonts de l’Ouarsenis et du Dahra, plus propice à
l’arboriculture.
Le responsable ne mâche pas ses mots pour dire que dans ce domaine, la
notion de modernité dans le système de production n’a pas été introduite
et qu’on continue à maintenir des méthodes archaïques, sans vision
claire et nettement définie. «Dans le domaine de la production agricole,
tout est stratégique où rien ne l’est», dira-t-il.
Au passage, il s’interroge «Où sont donc les fameux périmètres
irrigables tant miroités ?», tout comme il se demande «où sont les
partenariats contractés avec des investisseurs d’abord algériens ou
étrangers ?».
Par ailleurs, il relève que la grande majorité des producteurs ne sont
pas propriétaires des terres mais principalement des locataires et comme
chacun le sait, le locataire ne se soucie pas des effets qu’il produit
sur les sols, il ne vise que son profit immédiat. Ce faisant, il épuise
les terres par des productions binaires comme ses pommes de terre/blé,
donc pas de jachère, pas d’assolement pour permettre aux sols de se
reconstituer.
A titre indicatif, il constate que s’il y a quelques années, Aïn Defla
comptait plus d’une quarantaine de céréaliculteurs qui sont devenus
membre du club du top 50 (50q à l’ha) ; ce chiffre a chuté à moins de 10
et ce, malgré les crédits colossaux consentis, le degré élevé de
fertilité des terres et la facilitation des procédures d’acquisition des
matériels.
Si tous ces moyens sont consentis, tous ces facteurs de croissance sont
réunis, pourquoi alors ces résultats décroissent au lieu de croître ? La
question est posée. «Il faut des décisions politiques courageuses»,
suggère le responsable du secteur.
Karim O.
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