Actualités : FLN : MALGRÉ LE COUP DE FORCE DU 10e CONGRÈS
Les contestataires ne renoncent pas


Les contestataires de Amar Saâdani ne renoncent pas et ne comptent pas non plus agir en dehors de la structure, le Front de libération nationale, comme le proposaient certains, à l’image de Abdelaziz Ziari, favorable à la création d’un nouveau parti. Les ténors de l’ex-parti unique écartent définitivement cette idée et reviennent à la charge en s’engageant à poursuivre la guerre contre Saâdani.
Kamel Amarni - Alger ( Le Soir) - Une semaine après le congrès de la Coupole, les contestataires ont animé une conférence de presse, jeudi dernier, en leur siège d’El-Biar, à Alger. Les leaders du mouvement, en l’occurrence Salah Goudjil, Abderrahmane Belayat et Abdelkrim Abada, se sont montrés inflexibles sur leurs positions antérieures. «Nous persistons à considérer illégitime ce congrès et la nouvelle direction de fait qu’il a désignée (…)». Or, et à la tête de «la nouvelle direction» se trouve justement… Abdelaziz Bouteflika ! Ce dernier, réélu président du parti à l’occasion, avait en outre adressé une lettre de soutien à Amar Saâdani et lue à l’ouverture des travaux du 10e congrès. Ce que n’ignorent, bien sûr, pas les contestataires. Sans pour autant le citer nommément, ces vieux routiers de la politique répondent directement à Bouteflika lorsqu’ils glissent cette phrase assez allusive dans leur communiqué : «Ces agissements anti-démocratiques (...) n’honorent pas le FLN. Ils lui portent préjudice ainsi qu’à ses militants et ne peuvent en aucune manière permettre au parti de servir de bon exemple à suivre par les autres partis, notamment les nouveaux parmi eux.» Pour rappel, Bouteflika estimait, dans sa lettre au 10e congrès, que «le FLN donne ainsi le bon exemple à suivre par les autres partis, notamment les nouveaux parmi eux» ! Pour revenir à l’objet du litige entre Amar Saâdani et les contestataires, à savoir le 10e congrès, il est désormais de notoriété publique que tout, absolument tout avait été inspiré, commandité et mené par Bouteflika. Ce congrès n’aura été qu’une démonstration de force, grandeur nature, du clan présidentiel qui s’empare du parti sans même mettre les formes. Bouteflika affirmant de manière claire son soutien à Saâdani et se faisant reconduire lui-même président du parti, l’on assistera durant la semaine à un inédit mouvement de ralliement de membres du gouvernement, treize pour le moment, ainsi que de hauts fonctionnaires qui rappelle, en bien des égards, un phénomène similaire ayant caractérisé la création du RND en 1997 ! C’est dire la complexité de la tâche pour les contestataires qui font face là, désormais de manière ouverte, non plus à Saâdani, mais à la… présidence de la République ! L’on peut, d’ores et déjà, prédire le verdict d’une nouvelle action en justice que les contestataires comptent lancer pour «annuler ce congrès et ses résultats», l’actuel ministre de la Justice, Tayeb Louh, figurant parmi les ministres siégeant dans le nouveau Comité central. Avec lui, on compte douze autres ministres en exercice, le président de l’APN, le secrétaire général de la présidence, un très proche conseiller de Abdelaziz Bouteflika, à savoir Benamar Zerhouni, de nombreux secrétaires généraux des ministères, etc. En réalité, le combat des contestataires ne peut être que politique. Ce qu’ils n’ignorent pas. Un combat qu’il y a lieu d’inscrire sur le moyen ou le long terme. L’enjeu fondamental consiste à être là, en attendant que le rapport de force, au sommet, change ou devienne moins défavorable qu’il l’est présentement. Ce à quoi les contestataires s’engagent du reste dans leur communiqué : «Nous affirmons notre ferme détermination à poursuivre avec l’appui de notre base militante notre combat en utilisant tous les moyens légaux pour remettre notre parti sur les rails et le libérer des dérapages et déviations qui ont trouvé leur consécration dans la préparation et la tenue du congrès ainsi que dans ses résultats.» Tout dépendra de l’évolution de l’état de santé de Abdelaziz Bouteflika, seule donne politique déterminante, en réalité…
K. A.





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