Chronique du jour : DIGOUTAGE
Les lâches se lâchent !


Par Arris Touffan
Nourredine Boukrouh, pince sans rire comme d'habitude, nous a collé un sujet de dissertation plutôt chiadé, mes frères ! Vous avez – allez, soyons généreux – 3 heures, gousset en main, pour gamberger. Sujet : «Les Algériens sont-ils des lâches ?» Puisez vos arguments dans le crédit de consommation et les discours éclairés à la lampe d'Aladin du Guide ! Si les réactions au brûlot qu'il a jeté sont si volcaniques, c'est parce qu'il touche à l'évidence un point névralgique. Le plexus de la personnalité nationale. Les lâches, c'est connu, sont tellement lâches qu'ils n'ont pas le Smic de témérité de le reconnaître, pas même dans le confort de leur for intérieur. Avec ça, on ne peut certes pas aller loin question gamberge ! Mais quand même... Dans les quelques dissertes que j'ai eu l'occasion de parcourir, il y a de tout. C'est le souk arabe, le bric à brac ottoman, le bazar perse, les puces françaouies, le market andalou, le n'importe quoi malouin, la dlala chinoise d'El-Harrach ! Des qui disent vaillamment : «Peut-être falarabama que tous les Algériens sont lâches, très probablement même, mais pas Moi-Je... Moi-Je égale un concentré de courage hérité de nos ancêtres résistants...». S'ensuit une litanie de noms de héros et de hérauts qui va de Hakim à Zaïm ! Des qui menacent : «Parle pour toi, poltron ! Attends un peu que je sois nommé par décret et tu verras ce que c'est le courage légendaire de notre peuple.» Des qui raisonnent avec les méninges de Descartes: «Les pas lâches sont morts, partis ou achetés à vil prix. Comme l'écrivait le grand philosophe africain Idi Amin Dada : personne ne peut protester quand il a la bouche pleine et aucun opposant ne court plus vite qu'une balle.» Des qui bottent en touche : «La lâcheté des Algériens ? Il y a des sujets plus brûlants comme la jupe d'Isabelle Adjani par exemple ou le savon à barbe qu'utilise Saâdani pour raser le FLN.» Des qui ont du courage pour dix bataillons de fantassins fantasques à pied : «Il est où, celui qui nous traite de lâches, hein ?» Des qui ont trois avis contradictoires : «Bof ! Bof ! Bof !» Des qui voient dans l'apostrophe de Boukrouh une volonté de détourner le débat – quel débat ? Le débat, pardi ! «C'est Boukrouh qui dit ça ? Il est toujours à côté de la plaque d'immatriculation.»
Des...
Et des...
Et encore des...
Et Moi-Je qu'est-ce que je mets dans la dissertation ?... Ah oui, je mets la trouvaille du siècle, tu sais, la finesse des finauds, la perle de bac à sable, le trésor des pirates des Caraïbes, la joaillerie de Na Djouhar, le diamant de Diam's... Eh bien, les Algériens sont courageux en tant qu'individus mais d'une lâcheté sans mesure en tant que peuple ! Et en plus, ils vous saluent bien !
A. T. [email protected]





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