Chronique du jour : DIGOUTAGE
La main molle
Par Arris Touffan
«Podologue» est le nom du spécialiste du pied. «Monologue» pour celui de la
main ? La mauvaise blague ! Non, bien sûr ! Y a-t-il alors un nom pour désigner
le spécialiste de la main ?
Oui, Med Hondo, le cinéaste franco-mauritanien, donne désormais le sien à la
spécialité. La main ? Il serait plutôt l’expert de la poignée de main. Tiens, il
affirme dans un entretien accordé à El Watan que, de retour en Algérie en 2000,
il a eu l’occasion de serrer la main au Président Bouteflika. «Et… je l’ai
trouvée très molle.»
Ce constat n’est pas sans donner lieu à des conclusions, ou, à tout le moins, à
des interprétations. Circonstanciées.
Evidemment, l’interviewer n’a pas manqué de s’enquérir de la signification
profonde de la mollesse de la main de Bouteflika. La réponse, après une
arabesque qui passe par la main molle d’un directeur de journal africain à
Paris, vaut le détour : «Cela me paraissait bizarre, je m’étais dit que quand
même, j’avais connu des gens qui avaient la main ferme…»
Derrière cette prudence sémantique, on croit deviner ce qu’il veut dire. La
fermeté et l’intransigeance dans la défense des intérêts politiques auxquels on
croit s’expriment d’abord dans la façon de serrer la main.
Cinéaste, Med Hondo devrait s’atteler au remake de Luke, la main froide.
Magnanime, l’mdigouti lui offre gracieusement le titre : Boutef, la main molle.
A. T.
[email protected]
|