Culture : Le coup de bill’art du Soir
Ces anciens volcans qu’on croyait trop vieux
Par Kader Bakou
L’artiste engagé pour les bonnes causes est une espèce en voie de
disparition. La preuve : ce sont toujours les vétérans qui sont sur tous
les fronts.
En novembre 2011, David Crosby et Graham Nash sont allés sur le terrain
au parc Zuccotti à New York chanter pour Occupy Wall Street, le
mouvement de contestation pacifique dénonçant les abus du capitalisme
financier.
David Crosby et Graham Nash, avec Stephen Stills puis Neil Young,
formaient à la fin des années 1960-début des années 1970 un des plus
populaires groupes en phase avec les mouvements contestataires de cette
époque.
Aujourd’hui, même en solo, Neil Young continue d’autres combats. Dans
une chanson de son prochain album, il dit : «Monsanto, Monsanto, laisse
les paysans cultiver ce qu’ils veulent cultiver.» Neil Young poursuit :
«je voudrais une tasse de café, mais je ne veux pas d’OGM » (...) j’aime
bien commencer un jour de congé sans aider Monsanto. » Les autres
paroles concernent les politiciens fascistes, les géants de la chimie ou
le procès intenté par l’agrobusiness à l’Etat du Vermont (Etats-Unis)
qui impose de signaler les produits OGM sur les étiquettes.
En 2011 déjà, le composteur grec Mikis Théodorakis a mis en garde les
peuples d’Europe sur les risques que les banques ramèneront le fascisme
sur le Vieux Continent. Interviewé lors d’une émission politique très
populaire en Grèce, Mikis Theodorakis, figure emblématique de la
résistance à la junte des colonels, a averti que si la Grèce se soumet
aux exigences de ses soi-disant «partenaires européens», ce sera «fini
de nous en tant que peuple et nation».
Résistant de la première heure contre l’occupation nazie et fasciste,
combattant républicain lors de la guerre civile, Mikis Théodorakis a
également adressé une lettre ouverte aux peuples d’Europe, publiée dans
de nombreux journaux grecs.
«Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une
Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos
gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la
Grèce. (…) Leurs programmes de ‘’sauvetage de la Grèce’’ aident
seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par
l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont
imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle. Il n’y pas
d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen,
conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation
de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un
contrôle drastique de la finance. Si les Etats ne s’imposent pas sur les
marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie
et tous les acquis de la civilisation européenne.»
Théodorakis avertit : «La démocratie est née à Athènes quand Solon a
annulé les dettes des pauvres envers les riches. Il ne faut pas
autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à
extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont elles-mêmes générées sous
forme de dettes.
Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni
parce que notre territoire fut le berceau de Platon et Aristote,
Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et
d’Europe. (…) Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt.
Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque,
irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des
banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu
des ruines des sociétés européennes.» Mikis Théodorakis dit aux peuples
européens : «Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de
démanteler l’Europe en la transformant en tiers-monde, qui monte les
peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent
en suscitant le retour du fascisme.»
Si jeunesse d’aujourd’hui savait et pouvait comme une certaine «veillesse».
K. B.
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