Chronique du jour : DIGOUTAGE
Plus barbare ?
Par Arris Touffan
Il y a quelques années, un intellectuel malien affirmait que les barbares qui
sévissaient dans son pays ne pouvaient pas être maliens comme lui. Ils venaient
forcément d’Algérie où, comme chacun sait, on a la barbarie innée. Il ne pouvait
pas admettre que les siens sombrent dans cette négation totale d’humanité qui
pousse à commettre des crimes abominables comme les actes terroristes que l’on
voit.
Il y a quelques années aussi, sur une plage de la Tunisie de Ben Ali, taiseuse
mais stable au moins, à Sidi Bou Saïd plus exactement, un différend avec un
voisin tunisien a conduit à une dispute. Lorsqu’il s’est aperçu qu’il avait à
faire à un Algérien, il sort l’argument fatal : «Nous ne sommes pas comme vous,
nous n’avons pas de terroristes.»
Il voulait, comme l’intellectuel malien, montrer qu’il y a des peuples plus
disposés que d’autres à la barbarie et quel que soit le compte, les Algériens en
étaient.
Au début des violences en Algérie, je sais des intellectuels qui disaient que ce
ne pouvait pas venir de chez nous cette barbarie, elle a été forcément importée
d’Iran ou d’Afghanistan.
Pourtant, l’évidence est là, la barbarie est iranienne, algérienne, afghane,
malienne, libyenne, française…
Tant qu’un pays est en paix, son peuple l’est aussi. Il a des valeurs. Dès que
ça bascule, les tréfonds de barbarie remontent et alors il n’y a pas de peuple
plus civilisé ou plus barbare qu’un autre. C’est ce qu’on voit malheureusement
partout aujourd’hui.
A. T.
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