Le Soir Auto : Après le changement de son président
Quelle marge de manœuvre pour l’AC2A ?
L’arrivée de Sefiane Hasnaoui à la barre de
l’Association des concessionnaires automobiles d’Algérie (AC2A), en
remplacement de son prédécesseur, Mourad Oulmi, intervient dans un
contexte particulièrement tendu pour le secteur de l’automobile dans
notre pays.
La baisse sensible des ventes et la morosité ambiante ne constituent guère
des facteurs encourageants. De grands défis guettent le patron
fraîchement élu.
A commencer par la réhabilitation de l’AC2A comme partenaire
incontournable des pouvoirs publics et son aptitude à apporter des
réponses exhaustives aux questions liées au secteur. Pour ce faire,
l’urgence serait d’abord d’aplanir les divergences qui ont failli faire
éclater la cohésion de l’association suite à la mise en application du
nouveau cahier des charges et les multiples contraintes et exigences
sécuritaires qu’il contenait et qui étaient, contrairement à l’avis de
la majorité des membres adhérents, soutenus, appuyés, voire même
défendus par l’ancien président de l’AC2A. Ce qui a suscité de profondes
divergences, renforcées, du reste, par une action de protestation et de
contestation d’une soixantaine de revendeurs multimarques et de
concessionnaires non affiliés à l’association et qui exigeaient du
ministère de l’Industrie d’être écoutés et associés au débat au même
titre que l’AC2A.
Ce défi est d’autant plus complexe que des décisions majeures portant
sur l’avenir immédiat du secteur de l’automobile sont en cours de
validation par les députés à travers l’augmentation de taxes sur le
véhicule neuf et surtout l’instauration de licences d’importation. Des
textes auxquels n’ont pas été associés les concessionnaires et qui vont
chambouler profondément le secteur. A l’évidence, on note aujourd’hui
que le «malheur» des concessionnaires va bien au-delà des exigences du
cahier des charges pour lequel des dispositions ont été prises par les
uns et les autres pour s’y conformer et s’y adapter en dépit d’une
certaine confusion sur le terrain. Il est de plus en plus clairement
établi que la priorité du gouvernement est de réduire considérablement
la facture de l’automobile et la ramener à des proportions supportables
par les moyens de financement de l’Etat. On évoque même un plafond de
200 000 unités vendues par an, soit - 50%, décidé en haut lieu et qui
annonce d’ores et déjà une reconfiguration du marché de l’automobile en
Algérie, non sur la base du choix des clients, mais sur des
considérations dont les tenants et les aboutissants échapperaient sans
aucun doute aux normes habituelles et objectives de l’activité
automobile.
Néanmoins, cette décision reste compréhensible et amplement justifiée
par le net recul des prix du pétrole et le déficit accentué de la
balance commercial du pays.
Autre challenge pour le nouveau président de l’AC2A : le rétablissement
de la sérénité dans les concessions après les violentes secousses
ressenties au lendemain de l’entrée en vigueur du texte de
réorganisation et les mesures de blocage décidées par le gouvernement.
En effet, avec l’arrêt des activités de vente de véhicules neufs qui
dure depuis plusieurs mois déjà, la survie de certaines concessions est
sérieusement engagée. Des plans de compression d’effectifs et de départs
volontaires sont envisagés par les gestionnaires de ces entreprises.
Et dans l’attente de jours meilleurs, l’AC2A gagnerait également à
sensibiliser les décideurs à accélérer la procédure de réorganisation de
l’activité de vente des véhicules d’occasion et offrir ainsi la
possibilité aux concessionnaires d’investir un marché jusque-là dominé
largement par les revendeurs.
C’est dire que les perspectives de l’automobile en Algérie sont loin
d’être rassurantes et les dernières mesures de révision de certains
aspects du cahier des charges ne suffisent pas à avoir plus de
visibilité sur les prochaines étapes.
Face à un gouvernement décidé à stopper la saignée en devises fortes et
à mettre de l’ordre dans uns secteur longtemps laissé en jachère, quel
rôle aura à assumer l’association des concessionnaires et de quelle
marge de manœuvre disposera son nouveau bureau ? Pourra-t-il encore
influer sur le cours des évènements en se positionnant comme force de
proposition ? Autant de questions auxquelles seul l’avenir saura
apporter les réponses idoines.
C’est dire surtout que le navire AC2A et son commandant, Sefiane
Hasnaoui, continueront à faire face à de sérieuses perturbations
actuelles et à venir.
B. Bellil
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