Régions : NOUVELLE-VILLE DE DRAA ERICH (ANNABA)
La révolte des élus de l’APW


Si en ce qui concerne la présentation du bilan des activités de la Direction de l’action sociale et de la solidarité et la lecture pour approbation du budget complémentaire 2015 il n’y pas eu d’opposition malgré les quelques demandes de clarification de l’ensemble des aspects ayant concouru à l’élaboration d’un programme d’action, il n’en est pas de même pour le dossier habitat.
A lui seul, il a nécessité toute une journée de chauds débats. C’est à un véritable hallali auquel s’étaient adonnés les élus de l’Assemblée populaire de wilaya réunis en session ordinaire ces deux derniers jours. Il y a de quoi au regard des nombreuses anomalies dans la gestion du dossier de la nouvelle ville de Draâ Erich.
Inscrite dans le cadre du quinquennal 2010-2014, la matérialisation de ce projet fait face à des difficultés apparemment insolubles à l’écoute des interventions des élus. Sur ce site, ont été lancés les travaux portant réalisation de la nouvelle-ville prévus pour contenir plus de 50 000 logements répartis en deux phases et des structures socioéconomiques dont des établissements scolaires des trois paliers, une université, un hôpital, une unité de Protection civile, une polyclinique, des agences bancaires, des sièges pour les services de sécurité…
Alors qu’il est question de réceptionner et d’attribuer au moins 10 000 logements sur les 26 000 de la première tranche du projet avant fin 2016, à peine une dizaine de bâtiments sont visibles. Les carcasses de cinq autres ont été démolies après que les analyses aient conclu à la mauvaise qualité du béton utilisé par les deux entreprises chinoises.
Lors de cette session APW, les élus ont interpellé les responsables en charge du projet sur le retard mis dans le lancement des travaux de viabilisation et des équipements publics. Rien n’a été fait à ce niveau. Les maîtres d’ouvrage tels l’OPGI et l’AADL (la première avec 5 000 logements publics locatifs et la seconde avec 10 000 logements promotionnels aidés) affichent clairement leur scepticisme quant au respect des délais impartis. Le problème se pose également dans l’enlèvement des remblais.
Prévu par le cahier des charges, cet aspect est totalement ignoré par les maîtres d’œuvre chinois, pourtant la tonne était fixée à 200 dinars. Ces derniers abandonnent leurs remblais n’importe où, n’importe comment au gré de l’avancement des travaux à leur charge.
L’absence totale de coordination entre tous les intervenants, le piétinement des prérogatives de l’Entreprise publique à caractère industriel et commercial (Epic) en charge du projet ville-nouvelle Draâ Erich et l’apparente incompétence des animateurs du bureau d’étude chargé du suivi de ce même projet ont été également dénoncés par les intervenants. En fait, que ce soit le directeur de l’urbanisme, de l’Epic Draâ Erich et les élus, tous ont pointé du doigt le responsable du bureau d’architecture «Urban». Et lorsque des élus arrivent jusqu’à se poser des questions s’il s’agit d’un projet de «ville-nouvelle Draâ Erich» ou d’un «pôle urbain» plus de deux années après le lancement des travaux de réalisation, c’est que rien ne va plus.
A cela s’ajoute le détournement vers d’autres projets dans d’autres wilayas des 16 milliards de dinars prévus pour la réalisation de cette nouvelle ville, révélé par le chef de l’exécutif par intérim.
«Il manque une coordination des opérations. Le responsable de l’Epic intervient en solo alors que tout le monde est concerné par ce projet à commencer par la wilaya. Contrairement à ce qui se dit, les Directions de l’exécutif concernées, notamment celles de l’hydraulique et de l’énergie font de leur mieux pour les tâches dont elles ont été chargées. Au niveau central, on est en train de suivre ce pôle urbain qui va devenir, inch’Allah, ville urbaine. Il faut voir la chose de manière positive», tient à souligner le wali par intérim, Mostefa Limani, lors de son intervention à la clôture des travaux de l’APW. Alors que les plus hautes autorités de l’Etat ont créé une Epic pour une bonne maîtrise du projet nouvelle ville Draâ Erich, d’autres intervenants veulent faire croire qu’ils sont les seuls maîtres à bord.
A commencer par le bureau d’études qui de prestataire de service s’est transformé en donneur d’ordres. Ce qui explique toute la liberté de mouvement des deux entreprises chinoises de réalisation qui font ce que bon leur semble.
Selon le directeur de l’Epic chargé du projet, l’autre obstacle réside au niveau de l’absence d’un quelconque budget d’exploitation pour son entreprise.
La direction de cette entité sous l’autorité du wali n’a pas un seul centime pour financer ces activités. «Pire, depuis 14 mois, ses cadres et agents n’ont pas perçu de salaire», affirmera le même responsable.
A. Bouacha



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