Actualités : Mme Latifa Lemhen au forum d’El Moudjahid :
«La circoncision peut être très dangereuse sur les enfants non
identifiés hémophiles»
La circoncision peut être mortelle car cet acte
chirurgical, souvent banalisé, peut être encore la cause principale des
décès chez les hémophiles pour ignorance de la maladie ou absence
d’antécédents familiaux d’une part et pour absence de bilan
préopératoire systématique d’autre part.
Intervenant, hier, au forum d’El-Moudjahid à Alger, Madame Latifa Lemhen,
présidente de l’Association nationale des hémophiles algériens et membre
de la Fédération mondiale des hémophiles, a déclaré que «l’hémophilie
est un trouble génétique rare de la coagulation du sang qui touche les
sujets de sexe masculin et par ce fait, la circoncision peut être très
dangereuse sur les enfants non identifiés hémophiles.
Malgré la circulaire du ministère, on continue à pratiquer la
circoncision en dehors du bloc opératoire. Aussi, les médecins doivent
prescrire un bilan préopératoire pour chaque enfant». Avant de révéler
que l’Algérie compte 2 435 hémophiles.
Un nombre important d’hémophiles ont été circoncis entre 2007et 2014.
Mais le refus de certains chirurgiens spécialement dans les zones
isolées de réaliser cette opération sur les enfants hémophiles a poussé
les parents à chercher d’autres solutions.
C’est un problème qui perdure encore. L’association interpelle de
nouveau les autorités afin de former les médecins dans ce domaine.
«La circoncision est un acte important dans notre société. Mais mal
préparée, elle peut avoir des conséquences dramatiques, notamment lors
des cérémonies collectives. Rappelons-nous l’affaire des circoncisions
collectives d’El-Khroub, dans la wilaya de Constantine, en 2005, au 27e
jour du mois de Ramadhan et qui a causé des dégâts irréversibles chez
plusieurs enfants», évoque Mme Latifa Lemhen.
Dr Ben Sedouk Meriem, spécialisée en hématologie à l’hôpital Beni
Messous à Alger, membre de l’Association des hémophiles, a expliqué lors
de son intervention que «les hémorragies chez les hémophiles peuvent
être externes donc visibles à l’œil nu. Elles nécessitent un traitement
précoce, des consultations en urgence, voire même des hospitalisations
dans la plupart des cas».
Dr Chenoukh Karima, spécialiste en diagnostic des maladies hémophiles,
quant à elle, a indiqué que «les complications sociales de la
circoncision chez les hémophiles, notamment dans certaines régions du
pays, provoquent une atteinte psychologique forte chez les parents et
les patients.
Mais reconnaître l’acte chirurgical et le réglementer en définissant
l’âge moyen d’accès à la circoncision entre 2 et 3 ans sauf pour des
raisons médicales, pourra mettre fin à ce problème».
A la question «que proposez-vous pour le bon déroulement de la
circoncision ?», Dr Ben Sedouk estime qu’«il est recommandé de la faire
pratiquer par des chirurgiens entraînés, sous surveillance pendant 6 à 8
heures».
La présidente de l’association propose, de son côté, d’éviter l’acte
chirurgical le jour même de la fête afin de laisser le temps au patient
de se rétablir.
Il faut éviter également les périodes de chaleur, souligne-t-elle.
L’association organisera une soirée au profit des enfants hémophiles à
l’occasion de la célébration de 27e jour de Ramadhan. Cette soirée
entièrement dédiée aux malades hémophiles aura lieu à l’hôtel Mercure
d’Alger avec au programme une cérémonie de «henna» au profit des enfants
circoncis.
Nadia Medjdoub
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