Culture : Le coup de bill’art du Soir
Suivant sachant suivre
Par Kader Bakou
L’une des plus intéressantes descriptions de «l’idiot utile» est celle
donnée par l’Américain d’origine iranienne Amil Imani dans son livre
Islam’s Useful Idiots : «Les Idiots Utiles sont naïfs, ils sont bêtes,
ils sont ignorants des faits, ils sont des idéalistes irréalistes, ils
sont rêveurs et ils sont dans le déni ou délibérément trompeurs. Ils
viennent des rangs des mécontents chroniques. Ils sont anarchistes, ils
sont des révolutionnaires en herbe, ils sont des névrosés qui sont en
guerre avec la vie, ils sont des mécontents aliénés du gouvernement, des
entreprises et d’à peu près toutes les institutions de la société».
Ils viennent de tous les horizons et catégories sociales : «L’Idiot
Utile peut être un milliardaire, une star de cinéma, un universitaire de
renom, un homme politique, ou venir de tout autre segment de la
population. Sans doute la plus dangereuse variante de l’Idiot Utile est
le «Politiquement Correct». Il maîtrise l’art de l’euphémisme, de
l’évitement, du double langage, et de la tromperie pure et simple.»
Qu’est-ce qui le fait courir ? «L’Idiot Utile tire satisfaction d’être
anti-establishment. Il trouve une gratification perverse à aider les
forces qui visent à démanteler l’ordre existant, quel qu’il soit». Amil
Imani écrit encore : «L’Idiot Utile est en conflit et il est malhonnête.
Il ne parvient pas à regarder à l’intérieur de lui-même et à découvrir
la cause de son propre malheur et de ses problèmes, alors il s’engage
facilement dans des causes qui valident sa perception tordue de la
réalité.»
Ainsi pour l’auteur américain, «L’Idiot Utile, entre autres choses, est
un maître dans l’art de la désignation de boucs émissaires.
Il assigne le blâme aux autres tout en se dégageant de la
responsabilité, il a à portée de la main une longue liste de candidats à
blâmer pour tout et n’importe quoi, et en vivant une vie tordue, il
contribue aux maux de la société.»
Une autre définition de l’Idiot Utile, c’est d’être quelqu’un qui sert
des desseins qui contredisent ses aspirations profondes. Ainsi, il
serait de bonne foi mais manipulé. Mais ce n’est pas l’avis d’Amil Imani
: «L’Idiot Utile peut même se livrer à la désinformation et à la
tromperie volontaire quand ça lui convient.»
Les Idiots Utiles (et les idiotes utiles) se recrutent dans quasiment
toutes les idéologies ou tendances plus ou moins politiques.
En Algérie, des islamistes, des démocrates et des gauchistes sont parfois
des Idiots Utiles complémentaires et interchangeables.
L’un des plus virulents est l’Idiot Utile de gauche qui sort la faucille
et le marteau dès qu’il entend dire, par exemple, que des firmes
américaines vont investir en Algérie dans le gaz de schiste ou autres.
L’Idiot Utile démocrate justifie, applaudit et se mobilise pour tout ce
qui vient du monde dit libre, l’Occident.
Le comble c’est quand des «intellectuels» deviennent les Idiots Utiles,
d’obscurs Idiots Utiles médiatiques.
En somme, c’est devenir «le suivant d’un suivant», ce que Jacques Brel
avait juré de ne jamais être.
K. B.
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