Chronique du jour : DIGOUTAGE
Boire le pétrole à la paille
Par Arris Touffan
C’est jamais bon quand les banques se mettent à dresser des notes de
conjoncture où il est dit que les réserves de change fondent comme crème glacée
au soleil ! Quand ça fiche le camp en eau de créponné. Non, c’est pas bon du
tout ça ! Ça veut dire que le fric auquel est arrimé la paix sociale (enfin, si
on peut appeler ce chaos «paix sociale») et qui fait la colonne vertébrale d’un
pays qui cherche sa verticalité est en train de diminuer dangereusement. De s’en
aller comme la graisse des bourgeois que Ben Bella voulait envoyer au hammam se
dégrossir un chouia pour leur apprendre à vivre. La Banque d’Algérie constate
que les déficits s’accroissent et qu’avec le croissant de l’Aïd, c’est
l’inflation qui pointe son nez. En trois mois, on a fichu en l’air 19 milliards
de dollars. Où sont-ils passés, bon sang ?
Comme on ne produit pas ce qu’on mange, ils ont dû finir forcément dans le
tout-à-l'égout ! On les a allégrement bouffés, au sens littéral du terme. On
importe tout, ya aâdjaba et on est fiers d’être des tubes digestifs buvant du
pétrole à la paille. Déjà, dans l’opulence de la rente pétrolière, l’équilibre
social est à peine tenu. Qu’est-ce que ce sera lorsque la dernière goutte de
pétrole se sera évaporée au soleil de l’indépendance ?
A. T.
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