Sports : Timide réaction de la FAF à propos de l’interdiction qui frappe les joueurs étrangers en Algérie
Aveu d’échec


La panique par les… chiffres. C’est le sentiment qui se dégage en lisant les précisions adressées par le service médias de la FAF aux journaux, lundi en fin de journée. Certainement acculée par toutes sortes d’accusations, la fédération de Mohamed Raouraoua a tenté une réplique par les chiffres pour expliquer sa décision d’interdire à partir du prochain mercato hivernal le recrutement des joueurs étrangers par les clubs de Ligue 1 Mobilis. Une «mise au point » très peu convaincante, maladroite même.
Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - S’appuyant sur un fichier représentant le temps de jeu des joueurs étrangers dans les différents clubs de Ligue 1 lors de l’exercice précédent (la note adressée parle de la saison… 2015-2016), le texte signé par la division médias de la Fédération algérienne de football donne quelques cas de joueurs étrangers dont les salaires n’ont pas été versés par leurs employeurs «vu l’impossibilité d’obtenir des devises légalement» et précise que «la FAF a dû payer pour certains clubs qui ont été sanctionnés par la Fifa, dont le MOB pour un montant de 80 000 euros pour le dossier d’un joueur (dont l’identité n’a pas été révélée dans le document transmis) ou encore une affaire liant l’USMBA à un joueur (quelques titres évoquaient hier le nom du joueur de la RDC, Dieumerci Vua, ndlr) pour un montant de 300 000 euros».
Dans ses maladresses, la FAF va même jusqu’à révéler le cas de la nouvelle recrue du MC Alger, l’Ethiopien Saïd Salah Eddine «qui sera payé 20 000 euros mais que le club MCA ne pourra pas lui transférer des devises». Le document de la fédération fait la «rétrospective» concernant la situation juridique des joueurs étrangers ayant évolué en Algérie en signalant que «ces joueurs n’ont pas de permis de travail pour travailler comme stipule la réglementation en vigueur, ne payent ni la Cnas… ».
Un aveu qui en dit long sur le degré de professionnalisme de nos clubs et la fuite des responsabilités des instances du sport, mais également des services de l’émigration, en Algérie. En fait, un état de déliquescence toléré voire entretenu par différentes structures d’Etat que l’affaire de la mort de l’attaquant camerounais de la JSK, Albert Ebossé, le 23 août 2014 à Tizi-Ouzou a fini par éclabousser.

Pour quelques euros de plus
La FAF s’emmêle donc les pinceaux en motivant sa décision d’interdire le recrutement par les clubs algériens de Ligue 1 de footballeurs étrangers par «l’impossibilité d’obtenir des devises légalement» mais aussi par les cas de joueurs étrangers signataires dans les clubs algériens qui n’ont pas bénéficié, partiellement ou intégralement, de leurs dus. Deux cas de figure qui ont pourtant leur solution dans les textes de loi régissant les affaires du football et celle portant sur la monnaie. Dans les RG de la fédération, tout club qui manquerait à ses obligations contractuellement avec quiconque de ses employés (joueurs, nationaux et étrangers, entraîneurs ou agent de la logistique) encourt des sanctions financières et, surtout, sportives allant jusqu’à sa rétrogradation en division inférieure. Pour le paiement des travailleurs étrangers, les banques algériennes disposent d’artifices adéquats pour procéder au versement, partiel ou intégral, des mensualités et autres indemnités des coopérants. Ces derniers se doivent, d’abord, de posséder un contrat de travail dûment reconnu et validé qui, de son côté, donne droit à un droit de séjour sur le sol algérien. Deux permis (ceux liés au travail et au séjour en Algérie) que la FAF avoue que nombre de ses footballeurs d’ailleurs n’en disposaient pas. Pénalement parlant, de telles situations sont punies avec effet rétroactif…
L’autre absurdité que le communiqué de la Fédération algérienne de football mentionne, pour expliquer, l’interdit qui va frapper l’importation des joueurs étrangers, a trait au temps de jeu de ces footballeurs au sein de leurs clubs respectifs. Un détail technique qui relève de la «compétence» des clubs, en particulier des techniciens de ces équipes dites professionnelles.
Si un joueur comme le défenseur camerounais Patrick Ngoula, arrivé au MCA lors du mercato hivernal 2015, n’a joué qu’à peine 110 minutes et non 140 comme souligné dans le fichier transmis par la division médias FAF (il a été incorporé à la 90’ face au MOB-20e journée- puis à la 75’ face à la JSK-24e journée- et a livré l’intégralité du match de la 30e journée contre le RCA), c’est que le staff technique dirigé par le Portugais Artur Jorge l’a jugé incapable d’apporter le plus que la direction du club souhaitait en allant le chercher chez l’Union Douala. En dépit de son faible temps de jeu, Ngoula a été maintenu dans l’effectif mouloudéen, contrairement à son compatriote, Christopher Mendouga qui avait pourtant cumulé 715 minutes de jeu durant la phase «retour» du championnat. L’on se demande bien si vraiment ce longiligne défenseur (1.93m) est âgé de 21 ans et a été international au Cameroun.
Des intrigues qui renvoient certainement sur l’absence des cellules de recrutement au sein de nos clubs. La saison dernière, deux clubs, le MCA et l’USMBA ont recruté chacun cinq joueurs étrangers. Ceux ramenés en été ont été libérés en hiver. Le club de la Mekerra a même acheté un joueur qui n’est jamais venu en Algérie. Si bien que la FAF et la LFP qui a interdit à l’AS Khroub et au CABBA de recruter parce qu’ils n’ont pas apuré leurs dettes avait la possibilité d’en faire de même pour les clubs qui ne respecteraient pas leurs engagements vis-à-vis de leurs employés étrangers. Comme ça, «les bons ne paieront pas pour les mauvais», comme dirait Hadj Adlène.
M.B.



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