Actualités : MÉTRO D’ALGER
Une extension chaotique
La mise en service de l’extension du Métro
d’Alger est chaotique. Outre l’absence de plusieurs commodités dans les
stations inaugurées, la station d’El Harrach-Gare, pourtant
officiellement inaugurée le 5 juillet, elle, n’est carrément pas
desservie.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) - L’ouverture de nouvelles stations de métro
de la ligne 1 a soulagé une grande partie des usagers des transports à
l’est d’Alger. Seulement dans les stations, il reste beaucoup à faire.
Sur les quatre stations de l’extension du métro inaugurées par le
Premier ministre et le ministre des Transports le 5 juillet dernier,
seules trois sont opérationnelles. La station d’El Harrach-Gare, à une
minute du terminus (station El Harrach-Centre), n’existe qu’à travers
les vitres du métro. Au passage, des bandes délimitant les deux quais
sont visibles. Une station fantôme en somme ! «Elle n’est pas encore
prête», précise un agent de la RATP El-Djazaïr. Dans les trois autres
stations, plusieurs commodités sont inexistantes. Les lieux sont très
mal aérés et les escaliers mécaniques sont à l’arrêt. Même le réseau
téléphonique est aux abonnés absents dès la sortie de la station Haï El
Badr jusqu’à celle d’El Harrach-Centre. «Les travaux se poursuivent
toujours », explique un autre agent, pointé devant les composteurs de
tickets à la station d’El Harrach-Centre. Il montre du doigt les
réacteurs, censés évacuer l’air et aérer les lieux, qui ne fonctionnent
pas encore. Idem pour les escaliers mécaniques et les distributeurs
automatiques de tickets. «Les escalators sont en essai et les
distributeurs ne sont pas encore mis à jour. D’ailleurs, ils
fonctionnent par moments et se dérèglent de temps en temps», dit-il.
Selon lui, toutes ces stations ne sont pas encore prêtes pour qu’elles
soient réceptionnées. «C’est juste le ministre qui nous a mis la
pression pour l’inauguration. Aujourd’hui, nous n’ouvrons que pour
assurer le transport aux citoyens», précise encore le même agent. Dans
les deux stations de Bachdjarah et Bachdjarah-Tennis, les escaliers
mécaniques ne fonctionnent que dans un seul sens. Seuls ceux qui
«montent» fonctionnent. Une exception non «assurée» à la station d’El
Harrach-Centre. Au grand dam des usagers, ici tous les escalators sont à
l’arrêt. Midi tapante, un métro rentre en gare. Des groupes de voyageurs
descendent. Arrivés dans le hall de la station, nombre d’entre eux sont
surpris et surtout déçus de découvrir des escaliers mécaniques non
fonctionnels. C’est le cas de deux femmes, la quarantaine, qui n’ont pas
hésité à exprimer leur mécontentement. Pourquoi ces escaliers mécaniques
ne marchent pas ? Pourquoi nous faire souffrir à monter les escaliers
?», peste l’une d’entre elles. «Comme quoi, il faut souffrir à El
Harrach», ironise sa copine. Traînant presque les trois enfants qui les
accompagnent, les deux femmes escaladent péniblement une trentaine de
marches d’escalier. Arrivées à la sortie de la bouche du métro, elles
sont toutes essoufflées. Une sortie qui donne sur une placette adjacente
au vieux marché d’El Harrach. Une quinquagénaire surgit de l’ascenseur
du métro qui donne sur les lieux. Elle leur fait signe de la main.
«Regardez, j’ai eu plus de chance que vous. Moi, j’ai pris l’ascenseur
», lance-t-elle aux deux femmes, toute fière de son exploit. Un
ascenseur, pourtant, exclusivement réservé aux handicapés. L’autocollant
y atteste.
Ry. N.
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