Actualités : Le Bonjour du «Soir»
Pistonnés, même dans l'Au-delà !
Par Maâmar Farah
Taxi londonien classe. Noir. Lustré. Style rétro. La malle,
archi-pleine de victuailles et de fruits, ne suffit plus. Le conducteur,
éberlué, amasse le reste de la marchandise sur les sièges arrière. La
dame lui demande de remplir l'arrière. Il n'y a pas de problème : elle
se mettra à côté de lui. Non, madame, et la claaaaaaasse ? Un taxi
londonien ne prend jamais de clients sur les sièges avant. Bouhayoufa,
va ! Tu aurais été mieux sur l'âne de ton grand-père ! La dame a ramené
un long train de chariots. Victuailles, paquets, fruits et légumes. Des
fruits exotiques très chers. Puis, un tour au quartier des bijoutiers.
Chez les stylistes de mode. Chez les parfumeurs de prestige. Leurs
femmes et leurs enfants ont des chèques en blanc. Passe encore pour les
soins. Ils ont le droit de mourir là-bas, sur une table d'opération. Et,
à peine dans l'Au-delà, ils se feront un malin plaisir de nous narguer
une dernière fois : le transport funèbre se fera aux frais des pauvres
contribuables que nous sommes. Avions spéciaux débarquant un cercueil
sur un tarmac rempli en fonction du grade de la victime... Les gens d'en
haut, les pistonnés et les riches montent au ciel avant leur
enterrement. Les gens d'en bas, les honnêtes et les démunis sont
enterrés avant la montée au septième ciel. Alors, oui, M. Boudiaf,
assainissez nos hôpitaux et faites tout pour que notre médecine puisse
se relever. Au nom de ceux qui se soignent ici, et rien qu'ici et qui
ont juré de mourir sur un lit d'hôpital algérien, comme Boumediène, je
vous soutiens...
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