
Régions : SANTÉ
Guerre larvée au CHU de Constantine
Réagissant à la position du Syndicat national des chercheurs
hospitalo-universitaires (Snechu), le directeur général du CHU de
Constantine Kamel Benyessad a animé, hier, une conférence de presse au
siège de sa direction où il s’est notamment offusqué de l’attitude prise
par certains professeurs qui sont montés au créneau pour dénoncer les
décisions du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière,
Abdelmalek Boudiaf.
Une guerre larvée semble s’installer au CHU de Constantine entre une
administration qui semble bénéficier du soutien de la tutelle et les
praticiens qui refusent de servir de boucs émissaires d’une gestion
désastreuse pendant plus de deux décennies. Le directeur général du CHU
de Constantine, qui a tenté à son tour de jeter la balle dans le camp
des praticiens et chefs de service s’agissant de la situation chaotique
de son établissement, a passé en revue les mesures prises depuis la
visite du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek
Boudiaf. Parmi ces mesures, la mise à l’écart de l’ancien médecin chef
du service d’ophtalmologie et son remplacement par une professeur qui
doit s’atteler à recruter deux maîtres assistants pour la mise en marche
immédiate du service, inopérant depuis plus de cinq années. D’ailleurs,
à ce sujet, le directeur général dira «c’est une autre aberration quant
au fonctionnement du CHU mais plus navrant, les attitudes de certains
médecins chefs qui prennent tout un service en otage. Le service
d’ophtalmologie dispose de moyens conséquents pour répondre aux attentes
des malades et par la faute de ce médecin chef qui n’en fait qu’à sa
tête, il était fermé au public depuis des années. J’annonce que les
consultations s’y font déjà, nous attendons un renforcement du personnel
soignant pour l’exploiter au maximum de ses capacités». Par ailleurs et
en réaction au communiqué du Syndicat des chercheurs
hospitalo-universitaires (Snechu), le directeur dira «je ne peux pas
comprendre cette attitude à vouloir dédouaner l’ex-médecin chef de la
maternité du CHU, alors qu’il est en plus président du conseil
scientifique. Une responsabilité qui le place au premier rang quant à la
situation désastreuse que vit le CHU de Constantine depuis des lustres.
Disposer de 62 femmes de ménage et laisser son service dans un état
d’insalubrité insoutenable, priver ses patients d’équipements médicaux
ou encore priver les résidents de formation en proférant des insultes à
l’égard de ses collègues en les traitant de chiens, comme cela a été le
cas pour un directeur de garde, sont des actions condamnables au plus
haut point. Ceci, à l’instar d’autres services, connus pour leur
inertie, à l’image de celui de l’ophtalmologie». Concernant les
équipements médicaux dont une grande partie demeure dans les cartons, le
directeur général confiera «nous sommes en train de procéder à un
inventaire exhaustif de tout le matériel existant pour le mettre à la
disposition du malade comme cela a été le cas pour le service de
neurologie et bien sûr pour l’ensemble des autres services, ce même
inventaire va nous permettre de mieux connaître les possibilités du CHU
en matière de soins et partant, essayer de combler les insuffisances
constatées sur des données fiables». Sur un autre registre, le médecin
chef par intérim, le maître assistant Lahmar du service de gynécologie
du CHU, muté provisoirement à l’hôpital Mohamed-Boudiaf d’El Khroub dira
à propos du transfert des parturientes à cet établissement : «Nous
sommes en train d’exercer dans des conditions très acceptables, les
responsables de cet établissement ont mis tous les moyens à notre
disposition. Mieux, ils ont aménagé certains espaces destinés à d’autres
services comme celui de l’ORL pour nous permettre une extension et c’est
ce qui nous a permis de répondre à plus de 30 accouchements et 10 autres
par césarienne par jour.» Ce dernier confie que le personnel soignant de
ce service avait accueilli avec un grand soulagement l’éviction de
l’ancien médecin chef.
N. Benouar
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