Actualités : L’AXE ROUTIER BOUMERDÈS-TIZI-OUZOU FERMÉ PAR LA
POPULATION EN COLÈRE
«Nous voulons la vérité»
Pour la seconde fois en une semaine, les habitants de
la commune montagneuse de Taourga, dans la daïra de Baghlia (Est de la
wilaya de Boumerdès) ont fermé l’important axe routier (RN12 Boumerdès-Tizi-Ouzou)
vital pour la circulation routière entre la partie ouest de la Basse
Kabylie ainsi que la capitale et la Haute Kabylie.
Les protestataires ont obstrué la route au niveau de Tadmait, dans le
territoire administratif de la wilaya de Tizi-Ouzou qui leur est plus
accessible à partir de leur agglomération. Ce qui n’a pas manqué de
créer d’énormes embouteillages et des désagréments aux automobilistes.
En plus de cette action de rue, les commerçants et les transporteurs de
cette localité ont également observé une grève générale.
Par cette double action, les protestataires tenaient d’une part à
marquer leur solidarité avec les familles des deux victimes de la tuerie
du début de la semaine écoulée et d’autre part pour exiger la vérité sur
cet acte. «Les citoyens de la commune sont effarés et s’interrogent sur
les tenants et les aboutissants de cette tuerie. Ils exigent toute la
vérité sur cette pénible affaire», nous dira un citoyen de Taourga que
nous avons pu joindre par téléphone. Pour rappel, dans la nuit de samedi
à dimanche, B. Arezki , H. Sofiane et un autre jeune revenaient, à bord
de leur véhicule, d’une fête de noces à laquelle ils avaient pris part
au village Attouche dans la commune de Makouda (wilaya de Tizi-Ouzou).
En cours de route, au milieu de la nuit, ils se sont arrêtés au lieu-dit
Lemghassel, pour des besoins pressants. Deux d’entre eux sont descendus
du véhicule, par contre le chauffeur était resté au volant. Surviennent
des hommes armés et habillés en civils qui circulaient, selon ce qui se
dit à Taourga, à bord de 3 véhicules de tourisme.
Selon nos sources, ils ont obligé l’une des victimes à remonter dans le
véhicule avant de cribler le véhicule de balles. Ce dernier a pris feu
avec les deux personnes à l’intérieur. Il a été complètement calciné. Le
troisième passager qui est, rappelons-le, descendu pour s’éloigner et
faire ses besoins, a suivi la scène. Au moment de la fusillade, il s’est
caché. Par la suite il s’est enfui pour rejoindre la ville de Makouda et
alerter les services de sécurité.
Dans cette pénible affaire, les tueurs ont commis une erreur. Ils n’ont
pas tenu compte de la présence d’un troisième personnage qui a vu toute
la scène. De plus, personne ne pourra aisément mettre ce carnage sur le
compte d’un règlement de compte entre bandes rivales d’autant que les
victimes – Arezki 26 ans fellah et Sofiane 32 mécanicien – sont issus de
familles de classe moyenne. Par ailleurs, en dépit de son relief et de
sa proximité avec la vallée de Oued Sebaou et Baghlia, fiefs de la
fameuse katibat El Ansar du GSPC et d’Aqmi, la région de Taourga est
épargnée par le terrorisme. Ses enfants n’ont pas pour habitude
d’utiliser la violence comme moyen d’expression. Nous avons eu à les
observer durant les événements qui ont secoué la wilaya de Boumerdés en
particulier ou la Kabylie en général. Dès lors tout le monde s’interroge
: «S’agit-il d’une opération secrète, comme celle menée, – avec une
efficacité chirurgicale il faut le rappeler – il y a quelques mois
contre l’émir de Djund El Khalifa aux Issers (wilaya de Boumerdès) qui a
mal tourné ?» En tout cas dans l’opinion publique de Taourga ou
d’ailleurs se pose la question avec persistance d’autant plus que
jusqu’à présent les autorités, à tous les niveaux, restent
singulièrement bien silencieuses.
Abachi L.
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