Soirmagazine : ATTITUDES
Discrimination


Par Naïma Yachir
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Aucun mot n’est assez fort pour exprimer l’humiliation vécue par ces deux adolescentes refoulées à l’aéroport en présence de leurs parents.
Deux innocentes dont leur seul «crime» est d’avoir été adoptées. Un statut qui leur ôte le droit de quitter le territoire national avec leurs parents adoptifs sans l’autorisation d’un juge des mineurs.
Encore une ineptie que viennent d’inventer nos gouvernants, faisant fi de ses lourdes conséquences sur la petite famille. Y a-t-il un plus grand bonheur que celui d’offrir une famille à ces milliers d’enfants abandonnés ? D’aimer, de chérir le bébé que ces mêmes parents ont pris pour la première fois dans leurs bras, ces cœurs qui ont battu pour l’enfant qu’ils n’ont, certes, pas enfanté mais qu'ils affectionnent plus que tout au monde, parce qu’au premier contact, au premier regard, c’est lui, c’est l’appel du cœur, de l’âme qui les unira et qui changera leur vie. C’est lui qu’ils attendaient. C’est leur enfant.
Mais que savent-ils nos pondeurs de lois de ce que peuvent ressentir ces parents affligés par une telle sentence ? Une discrimination pure et dure qui leur retire le droit d’être parents à part entière. Et que savent-ils des sentiments de ces adolescentes indignées, bafouées qu’on a données en spectacle devant des dizaines de personnes, leur criant en pleine figure qu’après tout elles sont différentes des autres enfants et qu’elles ne peuvent jouir des mêmes droits ?
Mais qu’est-ce qu’ils viennent nous chanter ces faiseurs de lois ? La kafala, c’est pourtant eux qui l’ont rédigée, et dans ses textes, il est écrit noir sur blanc qu’un enfant adopté jouit des mêmes droits que tous les autres enfants. Balivernes. La réalité est là, elle nous cogne en plein visage pour nous prouver le contraire.
Nos législateurs ont-ils une idée du traumatisme qu’ils ont fait subir aux parents et à leurs filles ? C’est le monde qui s’effondre autour d’eux. Mais heureusement qu’il y a toute cette force qu’ils puiseront de leur amour (ça, personne ne peut le leur enlever) pour leurs bébés, l’unique arme avec laquelle ils se battront afin que tous les enfants et les parents aient les mêmes droits, sans discrimination aucune.




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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/08/29/article.php?sid=183433&cid=52