Culture : Azzedine Mihoubi au forum d’Echaâb
Un grand coup de balai annoncé
Lors d’une rencontre animée hier au forum d’Echaâb
sur le thème des investissements privés dans le secteur culturel, le
ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, annonce avoir pris contact
avec de nombreux opérateurs économiques, professionnels du cinéma et
responsables locaux pour organiser une Conférence nationale prévue avant
la fin de l’année.
A. Mihoubi commence par souligner avec regret le retard enregistré en
Algérie en termes d’investissements culturels alors même que le pays a
été et est toujours prédisposé de part ses nombreux talents et ses
moyens logistiques à faire de la culture un facteur de croissance
économique. Et de rappeler que l’une de ses toutes premières
propositions fut d’inviter des investisseurs privés algériens et même
étrangers à fonder des partenariats en vue de créer des cités de cinéma.
Au sujet du 7e art, le ministre réitère la nécessité d’une grande
réforme du système de production : «il est inadmissible qu’on continue à
produire des films coûteux et ne pas avoir de salles où les projeter par
la suite». En insistant sur l’importance des initiatives privées,
l’intervenant estime que le ministère de la Culture n’est pas censé être
le seul acteur sur le terrain et qu’il est primordial que le cinéma
renaisse avec le concours de tous, notamment en ce qui concerne les
moyens logistiques et la postproduction : «C’est inacceptable que
l’Algérie ait les moyens de produire plusieurs films avec des budgets
faramineux et que le montage, le mixage et toutes les étapes de la
postproduction soient faits dans les laboratoires français, italiens et
même marocains et tunisiens».
Il annonce à ce propos qu’il a déjà fait appel aux walis du pays pour
sonder leur disponibilité à accueillir des investisseurs privés dans le
domaine du cinéma, lesquels «sont nombreux à soumettre diverses
propositions au ministère». La Conférence nationale dont le dossier est
sur le point d’être ficelé et soumis au Premier ministre réunira donc
des hommes d’affaires, des walis, des boîtes d’audio-visuel, des
professionnels du cinéma et des experts économiques et culturels.
Concernant les salles, le premier responsable du secteur a indiqué,
comme l’ont souvent fait ses prédécesseurs, que son ministère doit
absolument récupérer les salles communales fermées ou peu actives, ce
sur quoi il travaille actuellement en collaboration avec le ministère de
l’Intérieur, et impulser une nouvelle dynamique au cinéma à travers
l’ouverture de multiplex, etc. mais aussi renouveler le répertoire
cinématographique en encourageant la production de films sur l’histoire
contemporaine du pays et les transformations par lesquelles est passée
la société algérienne. Dans ce sillage, il estime qu’il est plus que
temps de confier la gestion de ces salles à des sociétés spécialisées et
les équiper toutes du système DCP : «Ceci peut se faire notamment à
travers un partenariat privé-public. Le ministère de la Culture est prêt
à s’associer aux entreprises intéressées, qu’elles soient nationales ou
étrangères, selon un cahier des charges conforme aux lois de la
République». Le ministre a par ailleurs évoqué l’insuffisance de la
production annuelle, les difficultés bureaucratiques qui ralentissent
les initiatives des acteurs du domaine mais aussi la stagnation de tout
un secteur qui, jusque là, s’est contenté de constats et d’effets
d’annonce inaboutis.
Sur un autre volet, Azzedine Mihoubi a beaucoup insisté sur le phénomène
des festivals dont certains sont «budgétivores, redondants, superficiels
et teintés d’amateurisme». Tout en rejetant le terme «austérité» et
préférant «rationalisation des dépenses», il souligne l’importance d’une
gestion financière tout à fait transparente avec justification détaillée
des dépenses. Et d’annoncer que certaines manifestations deviendront des
biennales et que les équipes organisatrices devront désormais se
constituer de professionnels et de spécialistes dans le domaine : «Nous
avons la ferme intention d’éloigner les fonctionnaires de la direction
de ces festivals car il n’est pas logique d’être à la fois directeur de
la culture dans une wilaya, ce qui est un poste administratif, et
commissaire d’un événement culturel, ce qui est un travail créatif à
plein temps». Aussi, le ministre de la Culture déclare que la durée de
certains de ces événements sera revue à la baisse pour en garantir une
meilleure qualité et une plus grande efficacité.
Enfin, dans le secteur du livre, M. Mihoubi dit être en contact
permanent avec son homologue de l’éducation, Mme Benghebrit, pour
étudier les possibilités d’introduire la littérature algérienne
contemporaine dans le livre scolaire mais aussi d’organiser des
rencontres littéraires avec les auteurs au sein même des établissements,
notamment les lycées. Et à propos du prochain Salon international du
livre (du 24 octobre au 11 novembre), il annonce la participation de 880
maisons d’édition venues de 34 pays.
Quant au champ éditorial national, il a donné deux chiffres importants :
l’existence de 857 maisons d’édition et la publication de 1500 ouvrages
entre 2011 et 2015. Par ailleurs, le ministre affirme que le Centre
national du livre, créé en 2009 et resté depuis une entité virtuelle,
sera bientôt réactivé.
S. H.
|