Actualités : Bouchouareb affiche son mécontentement
Retard dans le projet Bellara
De notre envoyé spécial à Jijel, Cherif Bennaceur
Le projet sidérurgique de Bellara (Jijel), d'une capacité initiale de 2
millions de tonnes de produits et en réalisation partenariale entre le
groupe algérien Sider et le groupe qatari Qatar Steel, risque de ne pas
être livré à temps. Une problématique qu'un conseil interministériel
devra traiter la semaine prochaine.
Un retard dans la réalisation du complexe sidérurgique de Bellara. C'est
ce que le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb,
a pu constater, hier matin lors d'une visite d'inspection du site du
complexe (dans la zone industrielle de Bellara) à El Milia.
Affichant clairement son mécontentement, usant d'un ton ferme, le
ministre de l'Industrie a ainsi annoncé l'installation d'une équipe qui
sera «responsable» du suivi et de la conduite de ce grand projet et
devra booster la «convergence», la coordination au niveau local. Et ce,
dans la mesure où «la conduite opérationnelle et décisionnelle des
grands projets ne peut être faite à partir de la capitale», considérera
Abdesselam Bouchouareb qui invitera cette équipe à œuvrer au règlement
de l'ensemble des problèmes et contraintes qui freinent la réalisation
de ce grand projet sidérurgique.
Parmi ces contraintes, le retard avéré, un «glissement dans les délais»,
de l'ordre de 4 à 6 mois, dans la réalisation de la centrale électrique
de Bellara (1 400 MW) dont le taux d'avancement n'atteint que 34% alors
qu'elle est censée être livrée d'ici la mi-2017 et devra alors alimenter
le complexe. Un retard que les opérateurs du projet électrique
expliciteront par des difficultés de génie civil et de paiement, outre
l'existence d'un déficit d'employabilité que le ministre ne pourra que
déplorer.
Considérant que le rapport au «temps» constitue le principal problème
algérien et qui doit être pris en compte, le ministre de l'Industrie
invitera vivement à œuvrer à concrétiser ce projet. «Chaque heure de
retard nous coûte», déplorera-t-il, citant tant l'augmentation de
l'importation de produits sidérurgiques que l'entrée en production de ce
complexe, prévue officiellement et contractuellement avant la fin 2017,
est appelée pourtant à compenser, que «la sortie de devise», un malus
fiscal et des pertes d'emplois. Voire, Abdesselam Bouchouareb qui assure
de la résilience actuelle de l'Algérie face au choix externe considérera
que «même si le baril baisse à 10 dollars, la situation est gérable à
condition que les projets soient réalisés dans les temps». Or, dans la
mesure où le chantier de réalisation du complexe est bien lancé,
l'acheminement des composants et autres équipements dont les laminoirs
devant s'effectuer progressivement et qu'une production partielle peut
être lancée, mais que plusieurs projets restent encore à achever
(réalisation d'infrastrutures d'évacuation d'énergie, acheminement de
gaz et d'eau, dédoublement de la voie ferrée Bellara -Jijel ainsi que la
structuration de la société partenariale Algerian Qatar Steel...), la
livraison du projet sidérurgique de Bellara risque ainsi d'être sujette
à incertitude, retardée. Et par conséquent les engagements pris par
l'exécutif en vue de la promotion de la production sidérurgique
nationale, l'arrêt de l'importation et le développement de l'exportation
ainsi que la satisfaction des attentes socioéconomiques de la région,
risqueront ainsi de ne pas être respectés.
Une problématique que le ministre de l'Industrie abordera lors d'une
réunion d'évaluation organisée à huis clos au siège de la wilaya de
Jijel et à l'issue de laquelle Abdesselam Bouchouareb indiquera que si
tous les efforts sont réunis, la réalisation d'opérations-tests de
production pourra être lancée au cours de l'année 2016.
Rappelons que le complexe devra produire 2 millions de tonnes de
produits sidérurgiques en première phase (2017-2019) et augmenter à 4
millions de tonnes dès 2019. Une problématique qu'un conseil
interministériel, prévu la semaine prochaine selon M. Bouchouareb, devra
traiter également.
Par la suite, Abdesselam Bouchouareb s'est rendu au site, à Ouled Salah
(Taher), de l'unité mécanique de précision de la Société maghrébine de
mécanique de précision et de maintenance industrielle (Somemi), une
société privée dirigée par la famille Bensaci.
L'opportunité pour le ministre de l'Industrie de relever le dynamisme de
cette société en tant que founisseur de pièces et composants de
précision de grandes sociétés énergétiques et aéronautiques nationales
et étrangères et qu'opérateur engagé dans une démarche d'innovation,
boom technologique recherche-développement.
Une dynamique qu'Abdesselam Bouchouareb invitera à poursuivre et qui
constitue une référence pour d'autres sociétés nationales d'autant
qu'elle s'inscrit dans le cadre de la politique gouvernementale visant
le développement de l'entreprise et l'émergence de telles sociétés
innovantes et industrielles actives.
C. B.Le Code de l'investissement au menu du Conseil du
gouvernement mercredi
A l'issue d'une réunion de travail avec les cadres de
la wilaya de Jijel ainsi que les parties prenantes dans la réalisation
du projet sidérurgique de Bellara, le ministre de l'Industrie et des
Mines a animé un point de presse.
Ainsi, Abdesselam Bouchouareb a indiqué que le projet de Code de
l'investissement sera examiné mercredi en conseil de gouvernement. Sans
anticiper sur l'aval de l'exécutif, le ministre de l'Industrie relève
que ce projet de code comportera notamment des incitations et des
avantages en faveur des investisseurs qui contribuent à la réalisation
de la stratégie économique à l'œuvre ainsi qu'une refondation de
l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi) en tant
qu'acteur actif dans le soutien et l'accompagnement de l'entreprise.
En outre, le ministre de l'Industrie a fait état de la délocalisation de
l'activité de fabrication de levures, exercée auparavant dans une unité
publique à Bouchegouf (dans la wilaya de Guelma) vers la région de
Jijel.
Une nouvelle unité sera ainsi créée dans la région des Babors, une
région qui assure de meilleures conditions en termes environnementaux et
gestion des déchets et une réorientation que l'on expliquera par
l'incapacité de l'unité de Guelma de poursuivre cette activité.
C. B.
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