
Soirmagazine : L’entretien de la semaine
M. Samir Elksouri, vice-secrétaire général, chargé des médias auprès d’APOCE,
au soirmagazine :
«Les nouveaux médias ont plus d’impact»
Par Sarah Raymouche
Elle dispose d’une page Facebook des plus lues et commentées en
Algérie. Elle est la bête noire des producteurs et des frauduleux. Il
s’agit de la page Facebook de l’Association pour la protection et
l’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce). Cette
organisation a choisi, dès sa création, de se lancer dans les réseaux
sociaux pour dénoncer, avertir et contribuer à l’émergence d’une
conscience collective. Dans cet entretien, M. Samir Elksouri,
vice-secrétaire général, chargé des médias auprès d’Apoce, répond au
Soirmagazine sur l’ampleur de ce phénomène.
Soirmagazine : Depuis quand active votre association et quelle est son
périmètre d’intervention ?
Samir El Ksouri : Créée en novembre 2011, notre association est à
caractère social et active dans le mouvement associatif spécifique à la
protection du consommateur, qui s’est fixé les objectifs liés à la vie
quotidienne du citoyen algérien. Il s’agit de sensibiliser et orienter
les consommateurs, défendre les intérêts moraux et matériels des
consommateurs, travailler à améliorer la qualité des biens de
consommation et de services, travailler à la réduction des cas de fraude
et de tromperies dans les produits et services, et les affronter, et
enfin assurer un environnement sain pour la vie du consommateur, et la
vie des gens qui prennent soin d’eux. Donc, l’association est active
dans le domaine du consumérisme, la défense du consommateur à travers
son orientation et surtout relever les abus à l’égard du consommateur.
L’environnement est l’une des principales activités de l’association
d’autant plus qu’elle regroupe des chercheurs spécialisés dans le
domaine du traitement des déchets solides et liquides, dont certains ont
des brevets d’invention dans le domaine de l’assainissement solide. Il
faut, aussi, signaler que nous activons dans la wilaya d’Alger.
Comment vous est venue l’idée de créer une page Facebook ?
Dès la création de l’association, nous nous sommes orientés vers des
médias non classiques. Quand j’évoque les médias classiques, j’englobe
les prospectus et les dépliants. Nous avions remarqué que les Algériens
ne lisaient pas ce genre de brochures. Nous étions alors convaincus que
notre message à travers ce genre de canaux ne pouvait passer. Vous savez
que lorsque nous donnons une brochure à un passant, la plupart du temps,
il la jette. Donc, c’est une perte. C’est pour cela, que dès la création
de l’association, nous nous sommes orientés vers les réseaux sociaux.
Nous avons créé des comptes sur Facebook, Twitter et Youtube. Nous
avons, petit à petit, trouvé une réelle adhésion et un engouement pour
nos messages et nos dénonciations. Ils sont tout simplement relayés.
La société civile s’est ainsi manifestée. Et nous avons commencé à
relayer des requêtes anonymes pour protéger leurs émetteurs. Cela a
engendré un succès. Et cela est démontré par le chiffre suivant : plus
de 95 000 personnes nous suivent.
Depuis, cela a pris plus d’ampleur, n’est-ce pas ?
Tout à fait, d’association locale qui active dans la wilaya d’Alger,
nous nous sommes retrouvés à relayer des requêtes qui nous arrivent de
tout le territoire national. Lorsque nous évoquons les requêtes, il
s’agit de plaintes ou de dénonciations ou encore une demande
d’explication.
En plus, lorsque nous relayons les requêtes sur Facebook, près de 48
heures après la diffusion de l’information, il y a un feed-back. Et ceci
dans la plupart du temps. Nous faisons en sorte de faire connaître les
réponses pour un objectif bien clair. Il ne s’agit pas de se faire de la
publicité mais de dire que les consommateurs peuvent faire changer les
choses.
Pensez-vous que ce genre de médias a de l’impact ?
Oui, bien sûr qu’il y a un impact. En plus, il y a deux types de
répercussions : directs et indirects. Pour le premier, il s’agit de
l’augmentation du nombre de requêtes qui est de trente par jour avec une
moyenne de 1 000 requêtes par mois. Ce qui démontre l’adhésion de
l’association civile à notre démarche. Elle est devenue Associée. Alors
qu’auparavant, elle ne croyait pas à sa capacité de faire avancer les
choses. Avec la médiatisation à travers les réseaux sociaux, la société
civile a pris conscience.
Pour nous, c’est déjà très important et c’est un grand pas dans notre
société actuelle. Pour le second type d’impact : c’est la répercussion
immédiate envers le produit incriminé. Cela se traduit par le retrait du
produit du marché ou bien encore la saisine de la Direction du commerce
et de la prévention. Il est clair qu’une dénonciation fondée sur notre
page Facebook entraîne, sans conteste, des répercussions à plusieurs
niveaux. C’est très important pour le consommateur algérien d’avoir une
tribune dans laquelle il peut s’exprimer. Et bien sûr nous prenons en
considération certains facteurs pour ne pas faire dans la dénonciation
calomnieuse ou bien encore nous savons à quel moment on doit divulguer
le nom de l’entreprise. Pour cela, nous avons des conseillers
juridiques.
Les algériens ont-ils repris confiance ?
A travers les réseaux sociaux, les Algériens prennent la parole pour
titiller le pouvoir afin de faire bouger les choses. Nous les
encourageons à nous envoyer leurs requêtes. D’autant plus que notre
statut a changé, face à la demande croissante, nous avons obtenu notre
agrément pour activer sur le territoire national.
En effet, depuis la fin du mois dernier, l’Association de protection et
d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce) est
devenue une organisation nationale. Elle se lance également le défi de
procéder à l’installation des bureaux au niveau de toutes les communes
du pays.
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