Chronique du jour : A fonds perdus
Toujours pas performants


Par Ammar Belhimer
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L’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (une institution spécialisée des Nations-Unies) vient de publier l’édition 2015 de l’indice mondial de l’innovation (GII, pour Global Innovation Index). L'indice est soumis à une vérification statistique indépendante du Centre commun de recherche de la Commission européenne(*). L’indice se propose de mesurer les performances de 141 pays en matière d’innovation, en fonction de 79 tableaux de données pour les indicateurs de plus de 30 sources internationales publiques et privées.
Le GII représente la moyenne de deux sous-indices : de moyens et de résultats. Le sous-indice des moyens mis en œuvre en matière d’innovation permet d’évaluer des éléments de l’économie nationale favorisant des activités innovantes autour de cinq piliers :
1. Les institutions
2. Le capital humain et la recherche
3. L’infrastructure
4. Le perfectionnement des marchés
5. Le perfectionnement des entreprises.
Le sous-indice des résultats rend compte des preuves manifestes de l’innovation en s’appuyant sur deux piliers :
6. Les résultats en matière de connaissances et de technologie.
7. Les résultats créatifs.
Le GII comprend des indicateurs qui vont au-delà des mesures traditionnelles de l'innovation telles que le niveau des instruments de mesure traditionnels comme la recherche et le développement.
L’édition 2015 du GII étudie les incidences des politiques axées sur l’innovation sur la croissance économique et le développement. Elle confirme le rôle moteur de l'innovation comme moteur de la croissance et la prospérité économique.
Les décideurs sont invités à faire usage du GII pour identifier les forces et les faiblesses relatives dans leur système national d'innovation. Ils sont d’autant plus enclins à le faire qu’en huit ans, le GII s’est imposé comme la référence par excellence parmi les indices de l'innovation et un précieux outil de référence.
Les résultats pour 2015 classent la Suisse, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas et les États-Unis d’Amérique comme les cinq nations les plus innovantes au monde ; alors que dans le bloc des pays en développement la Chine, la Malaisie, le Viêtnam, l’Inde, la Jordanie, le Kenya et l’Ouganda font mieux que les autres pays de cette même catégorie.
L’Algérie est classée à la 126e place (sur 141), avec une note de 24,4 sur une palette allant de 0 à 100.
Le pilier institutionnel dans lequel nous obtenons le meilleur score (45,1) offre un tableau contrasté avec un environnement politique, une régulation et un climat des affaires médiocres. Nous sortons la tête de l’eau dans un seul domaine ici : «le coût de licenciement économique et le salaire hebdomadaire» où nous sommes classés 78es.
Le second pilier (le capital humain et la recherche) est encore plus contrasté. Il réunit les secteurs de l’éducation (67es), la formation professionnelle et universitaire (69es) et la recherche-développement (115es).
Troisième indicateur : les infrastructures. Elles sont appréciées en fonction du développement des TIC (128es), de l’infrastructure générale (38es) et de l’écologie durable (72es).
Le perfectionnement des marchés – quatrième indicateur – est apprécié en fonction de l’accès au crédit (135es), l’investissement (41es), le commerce et la concurrence (131es).
En matière de perfectionnement des entreprises, qui représente le cinquième indicateur, la qualification du travail (knowledge workers, 118es), les liens d’innovation (innovation linkages, 125es) et l’absorption des connaissances (knowledge absorption, 132es) témoignent du chemin qui reste à parcourir. Le sixième indicateur n’atteste pas d’une meilleure performance : les résultats en matière de connaissances et de technologies. Nous sommes 113es dans la création de connaissances, 87es s’agissant de leur impact sur l’économie et la société et 128es dans leur diffusion. Là aussi, comme dans d’autres domaines, nous sommes beaucoup plus consommateurs que producteurs ou diffuseurs de connaissances.
Dernier indicateur : les résultats créatifs (immobilisations incorporelles, produits et services créatifs et créativité en ligne) où nous sommes 135es.
En Algérie, on en est encore aux effets d’agglomération pour escompter impulser l’innovation (Sidi Abdallah et autres technopoles, en chantier depuis des lustres et toujours inachevées). Cette idée héritée des Principes d’économie politique de l’économiste britannique Alfred Marshall sur une longue période (entre 1842 et 1924) ont certes confirmé les intuitions de Marshall que les effets d’agglomération, le regroupement des chercheurs, jouent effectivement un rôle significatif positif en faveur de l’innovation jusque dans les années 1950, mais elles précisent que depuis cette dernière date, il ne cesse de diminuer et apparaît marginal aujourd’hui en raison, principalement, de l’essor fulgurant des techniques de communication. Il s’ensuit un poids décroissant des grandes villes dans l’innovation.
A. B.

(*) The Global Innovation Index 2015, Effective Innovation Policies for Development.




Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2015/09/29/article.php?sid=184886&cid=8