Actualités : Me DABOUZ, PRÉSIDENT DU BUREAU NATIONAL DE LA LADDH :
«La situation des droits de l’Homme en Algérie est désastreuse»
«La situation des droits de l’Homme en Algérie est
désastreuse et répond à un choix politique», soutient, révolté, le
président d’honneur du bureau national de la Ligue algérienne de défense
des droits de l’Homme (LADDH).
M. Kebci - Alger (Le Soir) - Et à Me Salah Dabouz d’étayer son
assertion par une «accélération des événements avec des faits très
dangereux au vu et au su de tout le monde».
Lors d’une conférence de presse, tenue hier, il a évoqué deux exemples
frappants, à savoir l’adoption de «lois dangereuses» pour le pays car
touchant à des «principes fondamentaux» dont celui d’égalité devant la
loi et devant la justice. Il citera, dans ce cadre, l’ordonnance portant
code de procédure pénale qui prévoit, pour certains délits, l’émission
de chèques sans provision et détournement de fonds de sociétés privées,
la médiation avant l’enclenchement de poursuites judiciaires.
Une disposition dangereuse pour les équilibres sociaux qui ne vise,
selon lui, qu’à «protéger une certaine catégorie de gens» et porte un
sacré coup au «principe d’égalité devant la loi et la justice». Pour
l’avocat, l’argument avancé pour justifier cette disposition, à savoir
un «rôle chargé», ne tient pas la route, en ce sens, expliquera-t-il,
«qu’un système qui ne trouve pas de solution doit partir».
Et d’ironiser en soutenant que le rôle est effectivement chargé de
«fausses affaires» et de «fausses poursuites», relevant une «mauvaise
foi» dans la promulgation de cette loi, visant à «imposer une vision» et
à «éviter les débats».
Pour Me Dabouz, cette disposition ne vise ni plus ni moins qu’à
renforcer certains du pouvoir et leurs satellites et rendre «plus
vulnérables ceux qui le sont déjà».
Autre «échantillon» de cette menace de la stabilité sociale, la LFC (loi
de finances complémentaire) 2015, truffée, à ses yeux, de choses qui
«n’ont rien à voir avec la loi de finances». «De l’article 54 à
l’article 61 de cette LFC 2015, il est question de modifications de
dispositions du code du travail !», s’étonne le président du bureau
national de la LADDH qui fera part, dans ce sillage, de la saisine du
Conseil constitutionnel. «Certes, notre démarche n’obéit à aucune loi
mais c’est plus un message politique au pouvoir pour qu’il ne dorme pas
sur ses deux oreilles. C’est aussi un appel à élargir le champ de la
saisine du Conseil constitutionnel à d’autres composantes»,
s’expliquera-t-il.
Me Dabouz traitera également des atteintes «sans précédent» aux libertés
individuelles et collectives puisque, selon lui, se faisant «en
violation de la loi, au vu et au su de tout le monde» avec des
arrestations «sans flagrant délit, ni mandat d’amener, ni mandat
d’arrestation». Des arrestations, le plus souvent pour «délit d’opinion»
que l’on «ne cache même pas», ajoutera-t-il, citant les cas des détenus
de Ghardaïa dont Kameleddine Fekhar et Nacereddine Hadjadj, détenus
depuis l’été dernier en tant que présumés meneurs de la violence dans la
région qui poursuivent leur grève de la faim, estimant leurs dossiers
«flous».
Ceci au moment où l’un d’eux, Bencheikh Aïssa, un agriculteur de 69 ans,
a rendu l’âme à l’hôpital de Ghardaïa où il a été évacué 11 jours
auparavant dans un état «d’inconscience» dans la première salle de
médecine interne «qu’il n’a jamais quittée», précisera-t-il.
Et selon Me Dabouz, la famille du défunt «n’a toujours pas récupéré le
rapport d’autopsie» en raison des «tracasseries administratives».
M. K.
|