Actualités : LE ROI DU MAROC S’EN PREND À L’ALGÉRIE
Le jeu malsain de Mohammed VI


Le Maroc s’en va une nouvelle fois en «guerre» contre l’Algérie. Une guerre des mots continue depuis plusieurs jours et à laquelle viennent se greffer des tentatives et des manœuvres qui tranchent avec les ambitions de grandeur diplomatique affichée par ses dirigeants.
Dans un discours prononcé ce vendredi à l’occasion du 40e anniversaire de la marche verte, le roi Mohammed VI a ainsi accusé l’Algérie d’avoir plongé les réfugiés sahraouis à Tindouf dans une situation humanitaire dramatique. «Les populations sahraouies de Tindouf en Algérie continuent à endurer les affres de la pauvreté, de la désolation et de la privation », dit-il. Puis il s’interroge, toujours à partir de Laayoun où il s’est rendu symboliquement pour lancer son message : «Où sont passés les centaines de millions d’aide humanitaire qui leur sont versés annuellement ? Pourquoi les autorités algériennes n’ont rien fait pour améliorer les conditions de vie des habitants des camps de Tindouf ? Pourquoi l’Algérie qui a dépensé des milliards dans sa croisade militaire et diplomatique contre le Maroc n’a pas voulu doter ces populations de logements et laisse cette population vivre une situation dramatique et inhumaine ?» Les propos en question ne constituent qu’une infime partie d’un très long texte régulièrement ponctué d’attaques du même genre et de contrevérités sidérantes. La plus incompréhensible concerne évidemment ces milliards censés avoir été dépensés par les responsables algériens dans un but… militaire contre le Maroc.
Mohammed VI qui affirme comme son père, le défunt Hassan II, descendre de la lignée sainte du Prophète, considère-t-il le dispositif mis en place aux frontières algéro-marocaines pour la lutte contre la contrebande et le terrorisme comme une menace contre son royaume ? Mais comment se fait-il alors qu’il estime de la même manière que de gros budgets ont été dépensés pour mener une guerre diplomatique dont les Algériens n’ont eu aucun écho jusque-là. Au contraire, les autorités algériennes sont depuis quelques jours décriées pour leur absence de réaction face à la virulence de telles attaques.
Le sentiment s’est d’ailleurs accentué ce vendredi lorsque Mohammed VI n’a pas hésité à qualifier carrément l’Algérie de pays ennemi en évoquant les «Sahraouis qui se laissent berner par les thèses ‘‘des ennemis’’ et qui s’évertuent à les répandre autour d’eux». Les Sahraouis évoqués sont naturellement ceux qui occupent les camps de réfugiés à Tindouf et qui se battent depuis de longues années pour l’indépendance du Sahara occidental dont Laayoun occupée à partir de laquelle le souverain marocain a prononcé son discours ce vendredi. «Les thèses des ennemis» ne sont rien d’autre que celles des Algériens engagés dans un processus onusien pour la résolution du dernier dossier de décolonisation dans le monde. La position du Maroc a d’ailleurs bloqué tout processus de négociations pour un règlement pacifique du conflit. Et il ne s’en cache pas, au contraire le discours du roi rejette publiquement et ouvertement «toute proposition creuse visant à torpiller l’initiative d’autonomie», seule option valable à ses yeux.
Ces propos on le remarque interviennent au moment où une série de manœuvres est enregistrée et décriée un peu partout. L’affaire est beaucoup plus grave cette fois-ci car le Maroc a révélé au grand jour son implication au mouvement autonomiste kabyle dirigé par Ferhat Mehenni. Le royaume s’est exprimé par la voix de son représentant permanent auprès des Nations-Unies lequel a appelé il y a quelques jours «le peuple kabyle à être entendu et écouté pour la reconnaissance de ses besoins et de ses attentes (…) la communauté étrangère doit faire émerger plus de huit millions de voix de Kabyles maintenus dans le silence et l’invisibilité (…) leurs leaders sont arrêtés, pourchassés et qui subissent un exil forcé». Pas de nom ni aucune autre indication concernant ces prétendus leaders pourchassés…
Le responsable du Mouvement autonomiste kabyle, Ferhat Mehenni, a immédiatement réagi en adressant au roi du Maroc une lettre de remerciements et s’est réjoui de la position du délégué marocain lors de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Jusqu’à l’heure, l’Algérie s’est refusée à réagir à ces provocations. Une voix s’est élevée, cependant, au sein de l’Assemblée générale des Nations-Unies. Celle de la déléguée algérienne qui a appelé les Marocains à s’occuper de leurs affaires intérieures car toutes les tentatives de détourner l’Algérie de son soutien à la cause sahraouie sont vouées à l’échec. Il s’agit de la réaction enregistrée après les graves évènements de Ghardaïa durant lesquels les autorités algériennes ont officiellement annoncé que la situation qui prévalait dans cette région était en partie le résultat de manœuvres étrangères. Le Maroc avait été clairement ciblé. Le Grand Maghreb arabe est plus que jamais un grand rêve à jamais dissipé.
Abla Chérif



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