Actualités : ILS SE SONT RÉUNIS HIER À ALGER
Les «16» maintiennent la pression
Le groupe des 19 s’est finalement réuni hier vendredi
pour évaluer la situation suscitée par leur initiative et décider de la
suite à donner à leur démarche essentiellement axée, doit-on le
rappeler, sur une demande d’audience au Président Bouteflika afin de
l’informer de leur inquiétude sur la crise que traverse l’Algérie. Les
signataires de cette lettre ont préféré ne pas communiquer avant l’heure
ni l’ordre du jour ni le lieu de leur rencontre qui intervient d’autre
part au moment où trois personnes ont décidé de se retirer de
l’initiative après avoir fait montre, disent-elles, de «naïveté
politique et de précipitation».
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ce retrait ne semble cependant avoir
altéré en rien la volonté et la détermination des autres membres du
groupe de poursuivre leur démarche. Bien plus, l’option d’assister à des
revirements de ce genre avait été prise en compte, voire même prévue par
la plus grande majorité des signataires en particulier ceux engagés dans
la lutte militante et politique depuis de longues années.
Invitée à s’exprimer sur le sujet par Echourouk TV, Zohra Drif a
expliqué que le retrait de Zehira Yahi, Samia Zennadi, et Rachid Hadj
Nacer ne porte aucun coup à la démarche en elle-même de même qu’elle ne
l’a en rien affaiblie. Zohra Drif a rappelé que le texte a été approuvé
par l’ensemble des signataires et que «si certains veulent revenir
dessus, c’est leur droit», ajoutant. «Nous avons respecté la liberté des
uns et des autres.»
Les trois personnes citées ont d’ailleurs elles-mêmes tenu à préciser,
dans un communiqué repris par l’agence officielle APS, qu’elles avaient
signé la lettre «sans manipulation ni contrainte (…) nous avons pris de
notre propre chef la décision d’apposer nos signatures au bas de la
lettre adressée à Monsieur le Président de la République».
Réagissant aux multiples réactions engendrées par cette initiative, elle
a insisté par ailleurs sur le fait qu’il ne s’agit pas là d’une
«démarche personnelle. J’exprime les inquiétudes que je vis concernant
le présent et l’avenir de mon pays. J’estime qu’il est de mon devoir en
qualité d’ancienne moudjahida de rester fidèle au serment que nous avons
fait en 1954 et à la mémoire des frères et sœurs aux côtés desquels j’ai
combattu et de ne pas me taire». Zohra Drif a enfin tenu à informer
l’opinion publique que le groupe reçoit des centaines d’appels de
personnalités désirant signer le texte et suivre cette démarche.
Boudjemaa Ghechir, avocat et militant des droits de l’Homme, va plus
loin affirmant dans une interview parue ce jeudi dans le quotidien El-Watan
«politiquement, nous avons gagné».
Gagné dans le sens où, selon lui, la démarche a permis de ramener le
débat sur l’existence de barrages face au Président Bouteflika. Preuve
en est, le silence du premier responsable du pays au sujet de cette
démarche et toutes ces réactions démesurées enregistrées après la
publication de cette lettre. Le fait que l’APS, cet organe de presse
très officiel qui n’est habilité à reprendre ce genre d’information
qu’après autorisation, ait repris le communiqué des trois anciens
signataires de la lettre entre aussi et désormais en compte dans la
grille de lecture permettant de décoder les réactions des tenants du
pouvoir et avalise le sentiment général de malaise qui se dégage depuis
la publication de cette lettre.
En fait, il laisse clairement entrevoir que cette demande d’audience qui
pourrait relever d’un acte politique banal dans d’autres contextes s’est
transformée en véritable «affaire d’Etat» contre laquelle tout l’arsenal
politique et médiatique officiel a été déclenché. Pourquoi, s’il en
était autrement, ressentir ce besoin de «jouer» toutes ces cartes et en
quoi une rencontre entre le premier responsable élu par le peuple et un
groupe émanant de cette même Algérie dérangerait-elle à ce point ? Quoi
qu’il en soit, cette situation est ressentie comme une confirmation de
leurs inquiétudes par le groupe qui s’est donc réuni hier vendredi.
Les décisions qui sanctionneront cette rencontre éclaireront sans doute
davantage l’opinion sur la suite des évènements.
A. C.
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