Soirmagazine : Eclairage
Dr Zerouala Mohammed-Tahar, médecin essayiste, au soirmagazine :
«Sommes-nous tous égaux devant le froid ?»
Certains individus sont plus frileux que d’autres.
Ils ont une grande sensibilité au froid. La personne réagit différemment
au froid selon l’âge, le sexe, l’environnement et particulièrement celle
qui souffre de problèmes de santé. Explications.
Il faut savoir que l’être humain est un organisme homéotherme,
c’est-à-dire que sa température corporelle est constante. Cette
température est quasi constante à 37° normalement, mais elle peut varier
selon que l’on se situe dans un endroit frais ou chaud, selon le moment
de la journée et selon l’activité de la personne.
La température de l’individu est contrôlée en permanence par un système
régulateur qui se situe dans le cerveau, appelé hypothalamus.
Lorsque la température augmente, cet organe qu’est l’hypothalamus
provoque de la transpiration qui va se traduire par un abaissement de la
température, les petites artères de la peau vont alors se dilater,
c’est-à-dire augmentent de diamètre et échangent la chaleur du corps
avec l’extérieur.
Si l’individu a froid, ces artérioles (petites artères) vont diminuer de
calibre (c’est la vasoconstriction) pour envoyer le sang vers les
organes nobles afin de les protéger contre le froid. Ces organes, dits
nobles, sont le cerveau, le cœur, le foie, les reins qui doivent
continuer à assurer leurs fonctions. Pourquoi l’on frissonne ? Le
frisson fait partie des mécanismes de lutte contre le froid. Le frisson
est dû à des secousses musculaires au niveau des muscles striés, que
sont les muscles de soutien, ces muscles apparents qui forment la
musculature visible sous la peau. Ces muscles vont être le siège de
mouvements saccadés.
Ces mouvements vont produire de la chaleur qui va réchauffer la
personne. Il faut savoir aussi que la température varie dans la journée.
Elle augmente en général en fin de journée et s’abaisse à la fin de la
nuit. La fièvre est la traduction d’une température élevée, à cause
d’une infection par exemple, qui est due à un dérèglement du système de
régulation (hypothalamus). Chez un patient adulte, la lutte contre la
fièvre est relativement facile grâce à certains produits
pharmaceutiques. En revanche, chez le nourrisson, la lutte est plus
difficile car son système de régulation (hypothalamus) n’est pas arrivé
à maturité, alors il peut convulser. Ces convulsions doivent être prises
en charge en urgence, car elles peuvent laisser des séquelles
invalidantes et définitives. On rappelle donc que le frisson est
l’expression de secousses successives qui vont dégager de l’énergie qui
va réchauffer le corps qui a froid. Dans certaines maladies, le frisson
a une signification particulière. Il peut en constituer le maître
symptôme et orienter le diagnostic.
C’est le cas du paludisme où le frisson est dit solennel par les
tremblements impressionnants du patient. Ce frisson peut aussi se
rencontrer dans certaines maladies infectieuses graves ou d’autres
virales telles que la grippe. Les frissons peuvent être permanents
associés à un état de fatigue.
Les malades n’arrivent pas à leur trouver des causes. L’intervention du
médecin est indispensable. Souvent il découvre un foyer infectieux passé
inaperçu : un abcès dentaire, une infection urinaire, une petite plaie
cutanée… Moins spectaculaires sont les frissons qui accompagnent
certaines situations : l’émotion en est la cause. Ce sont des individus
émotifs qui rougissent, accélèrent leur rythme cardiaque et leur transit
intestinal (diarrhée) et se mettent à trembler en ayant froid.
Certaines personnes supportent difficilement le froid. Au contact de
celui-ci, elles se défendent en frissonnant, c’est-à-dire en tremblant.
Les secousses musculaires dégagent de l’énergie qui va les réchauffer.
En revanche les nourrissons se défendent moins bien. Leur système de
régulation de la température étant encore immature, leur corps peut
épouser la température ambiante et en absence de non-assistance, ils
peuvent mourir de froid. Les sujets âgés sont aussi sensibles à la
baisse de la température ambiante et sont donc vulnérables.
Le sujet âgé doit se couvrir convenablement contre le froid. Dans la
peau sont disséminés des récepteurs sensibles aux variations de la
température externe, informent l’hypothalamus, ce qui va se traduire par
la contraction des muscles squelettiques et entraîner le réchauffement
de l’organisme.
Chez les grands brûlés, les récepteurs cutanés ont été détruits et la
régulation de la température corporelle est déficiente. En revanche, il
existe des situations où la chair de poule est vite «balayée» par la
sensation de chaleur physique. La pratique d’une activité physique et
sportive augmente la dépense d’énergie et réchauffe le corps de
l’individu. Un sportif est moins sensible au froid qu’un sédentaire.
Pendant l’entraînement, le corps du sportif est moins rigide parce qu’un
échauffement, qui doit précéder obligatoirement l’entraînement, protège
le corps contre le froid, le rend souple et prêt à exécuter des
mouvements plus ou moins intenses sans danger d’élongation, de rupture
de ligaments, de tendinite, voire de fracture.
Pendant les échauffements, la protection du corps par des vêtements
adéquats prévient les frissons et prépare l’individu à de bonnes
performances physiques.
Pour mieux combattre sa frilosité
En dehors de toute maladie, les femmes seraient-elles plus frileuses
que les hommes ? Est-ce une caricature ?
Pour plaire aux féministes, les femmes et les hommes réagissent en fait
de la même façon quand ils sont exposés au froid (l'expérience en
piscine nous le démontre). En vérité elles sont plus frileuses que les
hommes à cause de leur surface corporelle plus réduite et leur
musculature, en général, moins développée. Ainsi, leurs muscles
produisent moins d’énergie. Souvent, elles sont sujettes à une mauvaise
circulation de retour (veineuse) et elles souffrent de froideur aux
extrémités, les pieds et les mains. Par exemple, dans une enceinte
climatisée, si les hommes trouvent leur confort à 21 degrés, pour les
femmes c’est 25 (les statistiques le révèlent).
Voici quelques conseils pour lutter efficacement contre le froid :
- Il faut privilégier des aliments à forte teneur d’énergie, qui ont
essentiellement des sucres lents, comme le riz, les pâtes, le pain, la
pommes de terre et boire des boissons chaudes.
- Il est important par ailleurs de se protéger les mains, les pieds et
la tête pour réduire les déperditions de chaleur.
- Messieurs, dames, pour devenir moins frileux, il ne vous reste plus
qu’à développer votre musculature, et le sport demeure le meilleur moyen
!
|