Actualités : DES ATTENTATS SANGLANTS FRAPPENT LA CAPITALE FRANÇAISE
Le conflit syrien s’étend à Paris


«Un acte de guerre commis par une armée terroriste, Daesh, une armée djihadiste. Un acte de guerre préparé, organisé commis de l’extérieur et avec des complicités intérieures, que l’enquête permettra d’établir.» C’est la déclaration de François Hollande faite suite à l’attaque sans précédent à l’arme de guerre et à l’explosif en plusieurs endroits à Paris, faisant 128 morts ; 250 blessés, dont 99 dans un état grave.
Des décisions en cascade ont été prises. Conseils ministériels d’urgence qui se succèdent, état d’urgence proclamé, deuil de trois jours, fermeture d’infrastructures publiques pour la journée de vendredi, tenue lundi prochain d’un congrès du Parlement (les deux Chambres)… Aujourd’hui la quasi-unanimité appelle à la solidarité nationale, à resserrer les liens mais ne faut-il pas s’interroger sur la politique extérieure française. Si celle-ci n’est pas encore au cœur du débat, elle le sera fatalement dans les jours qui viennent. Le moment est venu pour que François Hollande réponde à cette question : quel est l’ennemi de la France et qu’il faut combattre : Bachar Al-Assad ou Daesh ? «Nous savons d’où viennent ces attaques… nous allons mener le combat, il sera impitoyable.» Ce sont là aussi les propos immédiats de François Hollande, suivis, et c’est heureux, par des interventions de la même tonalité y compris de l’opposition, droite et extrême droite incluses. Mais d’un côté comme de l’autre, depuis la prise de fonction du Président français, des voix s’élèvent en France pour s’indigner et crier au danger de la politique suivie par le Président Hollande au Moyen-Orient. Alors que la France s’est toujours positionnée en championne des défenseurs des droits de l’Homme, les intérêts économiques ont primé sur tout et l’on a vu la diplomatie française se rapprocher jusqu’à faire des alliés des monarchies du Golfe. Dès 2012, le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, déclarait aux Nations-Unies que le Président Al-Assad «ne méritait pas de vivre». Hollande en a fait de même et à plusieurs reprises.
Le Président français fait du départ d’Al-Assad une condition sine qua non à la résolution du conflit : «On ne peut faire travailler ensemble les victimes et le bourreau. Assad est à l’origine du problème, il ne peut pas faire partie de la solution», disait, du haut de la tribune des Nations-Unies, le chef de l’Etat français. Depuis, la France a pour seul interlocuteur l’opposition. Elle choisit cette opposition cependant en optant pour l’armement et l’appui logistique aux djihadjistes, notamment au Front al Nosra. La France n’en est pas restée là : en septembre elle mena les premières frappes en Syrie, officiellement contre Daesh, suivies en octobre d’une deuxième offensive. Hollande et son MAE ont même procédé à la fermeture de l’ambassade à Damas et rompu les relations diplomatiques avec la Syrie.
En fait, comme ne le déclarent plus les autorités françaises, l’objectif ultime est l’atteinte de Assad. En cela, les potentats de la région sont là pour aider l’Hexagone à abattre Al-Assad. La défense française comptait sur sa présence en force dans la région : l’armée de l’air y dispose de 700 militaires et 14 avions dans le Golfe ; six Rafales stationnées aux Emirats arabes unis ; six Mirages en Jordanie, un avion ravitailleur C-135 et un avion de patrouille maritime Atlantique 2. La diplomatie française a pensé jouer seule dans la région et récolter les fruits de son offensive contre Assad. C’était sans compter les Etats-Unis et leur nouvel allié qu’est Téhéran, qui ont tous deux convenu de maintenir Assad jusqu’à la fin de son mandat. C’était sans compter l’Allemagne, qui, de son côté, de la bouche de Merkel, a dit qu’il fallait parler avec le Président syrien. C’était surtout sans compter avec la Russie de Poutine qui prit la décision, en accord avec les premiers concernés que sont les autorités syriennes, d’engager des frappes ciblées sur les positions de Daesh, comme elle cherche aujourd’hui la mise en place d’une coalition internationale contre Daesh, objet de la rencontre en cours à Vienne 2.
Le premier round (Vienne 1) avait vu la France s’opposer aux 8 points élaborés alors et consistant notamment en la rédaction d’une nouvelle constitution proposée au référendum des citoyens syriens, le maintien de la laïcité, des élections législatives et présidentielle anticipées dans lesquelles Al-Assad pourrait se présenter… La France va-t-elle, enfin, prendre conscience que le problème syrien n’est pas Al-Assad, même si ce dernier est un problème pour ses citoyens et seulement pour eux et à eux de le traiter ? Hollande va-t-il enfin admettre que ces attaques abominables sont en grande partie (cela se vérifiera sans aucun doute) un effet boumerang de ses fameuses complaisances, à la limite de l’encouragement, des centaines de citoyens français, allant combattre, disaient-ils, Al-Assad et son despotisme ? François Hollande devra nécessairement se rendre à l’évidence : on n’arme pas impunément les islamistes et considérer enfin, une fois pour toutes, qu’il n’y a pas d’islamistes modérés. Que les islamistes, où qu’ils soient, ne visent qu’une chose : l’instauration d’un Etat islamique. A ne pas le considérer ainsi, c’est le peuple français, mais pas le seul, qui continuera à voir sévir les barbares en tous points et en tous temps.
Khedidja Baba-Ahmed

Deux Algériens parmi les victimes
Deux Algériens ont trouvé la mort dans les attentats perpétrés vendredi soir à Paris, qui ont fait 128 morts et environ 300 blessés, a appris samedi l’APS auprès de la cellule de crise de l’ambassade d’Algérie en France. «Nous déplorons la mort de deux Algériens, un homme âgé de 29 ans et une dame âgée de 40 ans», a indiqué la cellule de crise installée pour suivre les développements de ces événements tragiques. Dès son installation, la cellule de crise travaille en coordination avec les représentations consulaires algériennes en France, la cellule de crise du MAE et des autorités françaises, notamment le Quai d’Orsay. Le consulat général à Paris a délégué une équipe qui s’est déplacée dans les hôpitaux de Paris afin de voir si des Algériens figurent parmi les blessés ou les personnes décédées, a-t-on signalé de même source, qui a souligné que l’emblème national est en berne dans les représentations diplomatique et consulaires de l’Algérie en France, en guise de deuil national de trois jours décrété par le Président français sur tout le territoire de la France.
APS



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