
Régions : Vieux Mila
Que reste-t-il encore à sauver ?
Le bureau d’étude, Ziani Concept, en charge du
dossier du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur
sauvegardé (PPSMSS) du vieux Mila, qui a présenté, par le passé, la
première phase de cette étude, vient de présenter la deuxième phase
intitulée : Genèse historique, étude typo-morphologique et avant-projet,
en attendant la troisième phase d’exécution, qui devrait être présentée
et approuvée par l’Assemblée populaire de wilaya, dans deux mois, selon
le bureau d’étude.
Dans cette deuxième phase de l’étude de ce POS spécifique, il y a un
dispositif à assurer et des objectifs (primaires et secondaires) à
atteindre, en tenant compte de la particularité de ce site, d’une
superficie totale de près de 38 hectares dont 7 en intramuros, un site
classé patrimoine national depuis 1999 et faisant l’objet, depuis 2009,
d’une étude de plan permanent de sauvegarde. Etude, ayant pour
méthodologie d’approche, le diagnostic et l’état de fait, la collecte
des données, les enquêtes, le SIG comme système d’interprétation, la
gestion de base des données, l’analyse thématique, la carte de
dégradation du cadre bâti, les fonctions du secteur sauvegardé, le
diagnostic de la voierie et autres réseaux. Dans la genèse historique et
l’analyse typo-morphologique, l’exposante de l’étude a soulevé la
problématique de la dégradation effrénée du site qui sert, du moins ce
qui en reste, de cité socio-locative ou centre de transit, en quelque
sorte, pour demandeurs de logements sociaux, avec toutes les
conséquences inhérentes (dégradations volontaires des lieux etc.), la
situation dit-on est affligeante, à plus d’un titre. Cité millénaire, le
vieux Mila a connu plusieurs périodes et époques, durant sa longue et
tumultueuse histoire, de la période préhistorique à la période actuelle,
en passant par les époques, antique, romaine, byzantine, médiévale,
précoloniale, coloniale et post-coloniale. L’étude soumet et propose,
dans ses grandes lignes d’interventions, des options et des propositions
d’aménagement ainsi que des activités potentielles à y implanter mais,
est-ce encore possible et réalisable, dans l’état actuel des choses et
au vu de tous ces dégâts occasionnés au site ? Le jeu en vaut-il la
chandelle ? S’est demandé le chef de l’exécutif de wilaya qui s’est
montré très pragmatique et cartésien, en soulevant d’innombrables
questionnements comme, n’est-il pas déjà trop tard pour espérer sauver
tout le site en tant qu’ensemble homogène ? Avec quoi et comment va-t-on
mettre à exécution toutes ces recommandations ? Est-ce que l’opportunité
de la traçabilité historique existe encore ? Pourquoi ne pas se
focaliser, uniquement, sur les quelques monuments historiques et
archéologiques à sauvegarder, à l’instar de la fontaine romaine, la
porte romaine, la muraille byzantine, la mosquée Sidi Ghanem, entre
autres, et abandonner le reste ?
Pour le DUC de Mila, la cité antique est carrément irrécupérable, car se
trouvant dans une situation catastrophique et d’abord, estime-t-il,
avons-nous les moyens d’agir et cela en vaut-il la peine ? Il ne le
pense pas ! Le directeur de l’éducation, lui, se demande quelle est la
valeur économique de ce projet. Autrement dit, est-il rentable
d’investir dans la sauvegarde et la préservation de ce site et quelle
sera la plus value financière, en contrepartie ? En attendant la
présentation (dans deux mois) de la phase 3 de cette étude, qui
déterminera les actions à entreprendre, seuls les enfants du terroir, en
l’occurrence les architectes Bouhouhou et Kara Mostefa, ainsi que les
représentants des associations des amis du vieux Mila et de Mila verte,
restent optimistes !
N’est-il pas plus judicieux, dans l’état actuel des choses et la
dégradation que connaît le vieux Mila, et c’est l’avis même du wali de
la wilaya, de cibler les interventions en les limitant à quelques
monuments du patrimoine archéologique et historique et arriver à les
restaurer et les préserver, au lieu d’attendre une éternité pour,
finalement, tout perdre, surtout avec la nouvelle donne économique et
budgétaire du pays ? La question reste posée et le débat ouvert !
A. M’haïmoud
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