Actualités : Procès de l’affaire Sonatrach 1
L’ex-vice-président des activités amont bouc émissaire du scandale ?
Belkacem Boumediène, le vice-président des activités
amont du groupe Sonatrach serait-il le bouc émissaire dans l’affaire
relative à la conclusion du marché concernant l'acquisition
d'équipements de télésurveillance et de protection électronique évoqué
dans le procès de l’affaire Sonatrach 1 ? La question a été largement
évoquée hier parmi ceux qui ont suivi de nouveau son passage à la barre.
Abder Bettache - Alger (Le Soir) - Les questions-pièges posées
par l’avocat du Trésor public à l’attention de l’ex-vice-président de
Sonatrach n’ont pu remettre en cause la détermination de ce dernier à
répondre à toutes les questions.
En effet, ses réponses précises et pédagogiques ont plongé l’assistance
dans un silence religieux. Les questions de l’avocat de la partie civile
n’ont rien apporté à ce qui a été déjà dit par Belkacem Boumediene lors
de son audition par le président du tribunal criminel. Maîtrisant
parfaitement son sujet, il rappelle aux membres du jury du tribunal
criminel que «son intervention en qualité de vice-président de Sonatrach
des activités amont durant six années était conforme à la loi et à la
réglementation régissant le groupe».
Mieux encore, il rappelle, en s’exprimant tantôt en langue arabe, tantôt
en langue française, que «les cadres de Sonatrach ont agi d’une manière
professionnelle et conforme aux orientations données par le ministre de
l’Energie et des Mines et du P-dg du groupe Sonatrach».
En somme, ce énième passage à la barre du vice-président des activités
amont du groupe Sonatrach a poussé les robes noires à s’interroger si ce
haut cadre du groupe Sonatrach n’était pas victime d’une cabale
judiciaire dans cette affaire.
L’autre fait marquant du passage de Belkacem Boumediene à la barre était
lorsqu’un des avocats de Sonatrach en l’occurrence Me Sellini lui
demandait «pourquoi le groupe Sonatrach s’est précipité de conclure des
contrats de gré à gré, alors qu’à l’époque, soit en 2005, la situation
sécuritaire était meilleure qu’au milieu des années 1990».
Dans son franc-parler, Belkacem Boumediene répond : «La situation
sécuritaire n’était pas totalement rétablie. Il y avait des tentatives
de sabotage contre plusieurs installations de Sonatrach, à l’image de ce
qui s’est passé à Skikda, à Sidi R’zine et bien d‘autres installations
jusqu’à l’attaque contre le complexe gazier de Tiguentourine.» Une
réponse qui a plongé le bâtonnier dans un silence total.
Pour sa part, le procureur de la République a tenté de piéger le mis en
cause, lorsqu’il lui exhibe une lettre adressée par le groupe Siemens à
Sonatrach se plaignant «d’avoir divisé le projet de la télésurveillance
en quatre parties». «Je ne suis pas au courant de cette lettre et puis,
cette société a le droit de protester. Elle voulait décrocher tout le
marché», a-t-il répondu.
Hier, les questions-réponses des différentes parties concernaient tous
les mis en cause dans l’affaire de l'acquisition d'équipements de
télésurveillance et de protection électronique. La veille,
l'ex-directeur du département de la production à Sonatrach Hassani
Mustapha, lui aussi impliqué dans cette affaire, a été interrogé par le
procureur général du tribunal criminel d'Alger sur les raisons de la
non-résiliation des contrats douteux conclus avec le groupe allemand
Contel Funkwerk.
Poursuivi pour les chefs d’inculpation de passation de marchés en
violation de la législation et du règlement, octroi d'avantages
injustifiés au profit d'autrui et dilapidation de deniers publics,
l'accusé a répondu qu'il n'avait aucun pouvoir pour conclure ou résilier
ces contrats.
Lors de son audition par le président du tribunal criminel d'Alger le
juge Mohamed Reggad, il avait affirmé qu'il avait signé des contrats de
gré à gré d'une valeur de plus de 10 milliards de dinars, au lieu de
respecter les dispositions juridiques réglementaires en vigueur tel
l'appel d'offres international, «sur ordre» de l'ex-P-dg de Sonatrach.
L'accusé a également révélé qu'il avait été délégué par l'ex-P-dg de
Sonatrach pour la signature de trois ou quatre contrats de gré à gré. La
valeur globale des contrats est estimée à plus de 10 milliards de
dinars.
L'accusé a également répondu à une question sur le montant des pertes
subies par Sonatrach suite à un attentat terroriste, estimé selon lui à
4 milliards de dollars. Aujourd’hui, il est attendu l’audition des mis
en cause dans l’affaire Saipem, une des parties du scandale de Sonatrach
1.
A. B.
|