Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Culture citadine sous chapiteaux
Par Malika Boussouf
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Il y a des jours comme ça où, dès le réveil, un air joyeux vous trotte
dans la tête. Réconfortante perspective que celle de cette sympathique
obsession qui va vous éviter de débattre inutilement du sexe des anges.
Oui, mais il y a aussi ces autres matins où la simple écoute d’une
chanson vous plonge dans une tristesse aussi profonde qu’inattendue, au
lieu de vous vider la tête des désagréments quotidiens que vous savez
devoir affronter.
Inutile de vous interroger sur la capacité d’une chanson à embellir
votre journée ou à vous la rendre détestable en la déviant de ce que
vous avez projeté d’en faire. Ce billet s’adresse aux âmes rêveuses et
sensibles qui aiment, dès leur réveil, faire le plein de musique pour
mieux défier la mauvaise humeur, version locale, quand elles la sentent
inévitable. Exemple : je sais qu’en traversant la rue, tout à l’heure,
pour aller m’approvisionner en terreau auprès des charmants
pépiniéristes de la Grande-Poste et m’abreuver, au passage, de leur
nonchalance matinale, je longerai inévitablement ces affreux chapiteaux
!
Je regarde depuis des mois, impuissante et désespérée, ce beau quartier
se clochardiser et je me dis que je déteste décidément l’idée que cette
si jolie place, sans doute, à l’origine, conçue pour accueillir
gracieusement le visiteur étranger, ait été rétrogradée au titre de
marché de province.
Non pas que je méprise les marchés en question, mais s’ils pouvaient
restés là où ils ont été improvisés, la culture du village et celle de
la capitale ne s’en porteraient que mieux et la mémoire des lieux n’en
serait, elle, que plus avantageusement respectée. A la place du 1er Mai,
même combat.
La détermination à défigurer la capitale ne fait aucun doute tandis
qu’une partie du patrimoine maltraité est là et qui nous fait un
pitoyable pied-de-nez. J’ignore ce qui a pu inspirer les maires du Grand
Alger, mais si l’intention de départ était de faire exotique, c’est
gagné sauf que l’exotisme en question est d’un goût passablement
douteux.
M. B.
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