
Soirmagazine : Eclairage
Par le Dr Zerouala Mohammed-Tahar, médecin essayiste
«la situation de l’anorexique doit être considérée avec la plus grande
attention»
L’anorexie est une perte de l’appétit. Elle peut être
passagère et durer quelques jours, comme elle peut s’installer dans la
durée pour devenir chronique. Dans ce dernier cas, elle sera à l’origine
de complications liées à la malnutrition.
L’anorexie peut être un symptôme d’une maladie plus ou moins grave. Une
maladie bénigne peut se traduire par une anorexie : une simple grippe,
une indigestion, une petite intoxication alimentaire…Dans ces cas, la
perte de l’appétit est transitoire. Le patient retrouve son appétit
normal en quelques jours, ce qui élimine d’ailleurs une maladie plus
grave.
Dans d’autres situations, l’anorexie est le maître symptôme : le cas
d’une tuberculose qui évolue, d’un cancer... En général, d’autres
symptômes accompagnent cette anorexie et permettent d’orienter le
diagnostic. Dans tous les cas, l’anorexie entraîne des désordres
physiologiques dus aux déséquilibres alimentaires. C’est
l’amaigrissement, la fatigue, la diminution de la concentration… Les
carences s’installent. Chez la femme, les règles sont peu abondantes ou
disparaissent. Il y a chute de cheveux, les ongles sont cassants, la
pâleur est évidente due à l’anémie causée par la carence en fer.
Celui-ci entre dans la composition de l’hémoglobine, pigment
indispensable pour l’oxygénation des tissus. Par ricochet, les organes
souffrent. Le patient est sujet à des vertiges. Mais tout n’est pas
irréversible, si le patient est pris en charge correctement par la
médecine. Des traitements bien conduits entraînent la guérison ou du
moins l’amélioration. Cette thérapie, basée sur les médicaments, vise à
rééquilibrer l’individu en éliminant les carences afin qu’il retrouve la
bonne forme.
L’anorexie mentale peut s’avérer parfois grave
Elle est causée par un déséquilibre psychique ou psychiatrique. Le
patient présente des troubles du comportement alimentaire. Les jeunes
filles sont les plus exposées. L’anorexie qu’on appelle, dans ce cas,
mentale peut toucher également les garçons mais dans une moindre
proportion.
L’anorexie mentale peut s’installer à la suite d’un choc émotionnel
important comme elle peut être le résultat d’une obsession de la jeune
fille pour son poids. Il lui semble qu’elle est toujours en surpoids
alors que la balance dont elle fait son baromètre lui indique le
contraire. Elle se prive de repas, mais elle garde néanmoins de
l’énergie. Elle continue à faire du sport intensément dans le but de ne
pas grossir. Il lui arrive parfois de tomber dans une boulimie extrême
qu’elle n’arrive pas à contrôler.
A la suite de cette alimentation anarchique elle se fait vomir. La
famille ou les proches s’inquiètent. La malade, c’est une vraie malade,
entre dans la phase de carences. Son poids est inférieur aux normes. On
peut évaluer la norme d’un individu par un calcul simple. C’est celui de
l’IMC ou indice de masse corporelle. Il faut diviser le poids par la
taille au carré. Plus simplement diviser le poids en kilogrammes par la
taille multipliée par la taille. Le résultat est en kilogrammes par
mètre carré. Le chiffre normal se situe autour de 25 kg par m2.
L’anorexique est à 18 et parfois moins. Malheureusement la complication
ultime est le suicide ou le décès par carence grave. Plus la prise
médicale est précoce, plus les chances de s’en sortir sont grandes.
Ainsi la situation de l’anorexique doit être considérée avec la plus
grande attention. Ce tableau se rencontre aussi chez les femmes qui
s’astreignent à un régime pour maigrir. Elles ont peur de s’alimenter.
Il leur arrive d’utiliser une série de produits qu’elles considèrent
amaigrissants : ce sont les laxatifs pour accélérer le transit
intestinal, les diurétiques pour uriner abondamment, ce qui peut
entraîner une déshydratation, des hormones thyroïdiennes qui donnent des
tachycardies, des coupe-faim.
Les dernières «trouvailles» pour maigrir : des produits qui déferlent
sur le marché en provenance du Moyen-Orient. Leurs effets secondaires
sont inconnus et ils n’ont aucune autorisation officielle de mise sur le
marché (AMM) car ils sont vendus sous l’étiquette de compléments
alimentaires.
Quelques conseils pour maigrir ou perdre du poids
En dehors de l’anorexie mentale qui relève de soins particuliers,
les conseils qu’on peut proposer pour maigrir ou ne pas prendre du poids
c’est d’éviter les régimes drastiques (extrêmes). Il faut savoir que les
régimes amaigrissants entraînent nécessairement des carences.
Un régime alimentaire correct doit s’abstenir de sucres rapides,
d’aliments trop salés ou trop gras. Le pain qui contient beaucoup de
sucre doit être consommé avec modération.
Les boissons gazeuses et les jus industriels doivent être proscrits. Le
plus important c’est de pratiquer une activité physique régulière.
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