
Le Soir Retraite : Départ à la retraite sans conditions d’âge
Plusieurs milliers d’enseignants en ont bénéficié en 2015
Près de 96% des demandes de retraite des enseignants
pour 2016 sont des départs anticipés, a indiqué, mercredi dernier, la
ministre de l'Education nationale. Cette dernière n’indique pas pour
autant le nombre de ces départs. En fait, comme en 2015, il avoisinerait
les 5 000 enseignants, ce qui est énorme : c’est une double catastrophe,
et pour la CNR qui est très mal en point financièrement, et pour
l’Education nationale qui est obligée dans la précipitation de remplacer
tous ces retraités.
Dans un entretien à l'APS (Algérie Presse Service), la ministre a
déclaré que pour l'année en cours, «96% des départs à la retraite des
enseignants sont des retraites anticipées, et si l'on comptabilise avec
les autres catégories de ce corps, le taux atteindra 93%». Selon elle,
les raisons de ce «phénomène» sont à chercher dans l’«amélioration des
conditions financières des enseignants», suite à l'augmentation des
salaires intervenue depuis 2010. Tout en exprimant son «regret devant
cette flambée de départs de compétences ayant un niveau d'expérience sur
le plan éducatif et pédagogique», la ministre a relevé que «nous ne
pouvons pas les empêcher de partir dans la mesure où la loi le permet».
La réglementation en vigueur autorise les enseignants hommes à faire
valoir leurs droits à la retraite anticipée après 20 ans de cotisations
et 50 ans d'âge, et 15 ans de cotisations et 45 ans d'âge pour les
femmes, a-t-elle expliqué. Il faut préciser que la formule «retraite
anticipée» utilisée par la ministre n’est pas appropriée, s’agissant de
départs volontaires.
En fait, au regard de la loi en vigueur, ces enseignants bénéficient de
la retraite proportionnelle ou de la retraite sans conditions d’âge, et
ce, avant 60 ans qui est l’âge légal.
Le gouvernement impuissant à juguler l’hémorragie
La ministre déplore cependant ces départs en masse, résultat de
l’impuissance du gouvernement à juguler l’hémorragie qui frappe plus
particulièrement les corps des enseignants et des paramédicaux pour le
secteur de la santé. Le gouvernement, qui a peur de réformer le système
de retraite — en supprimant notamment les retraites proportionnelles et
sans condition d’âge —, laisse la situation pourrir. La ministre de
l’Education nationale a mis en évidence, à cet effet, les efforts de son
secteur à s'atteler à y remédier, déjà que ces postes sont pris en
compte «systématiquement» dans le plan de recrutement annuel, soulignant
que l’«intérêt de l'élève demeure au centre de ma mission en mettant à
sa disposition tous les moyens et les conditions de sa réussite».
Afin de pallier ces départs à la retraite par dizaines de milliers ces
dernières années, le ministère de l’Education nationale va procéder au
recrutement de 28 000 enseignants ! L'examen de recrutement pour les
trois paliers (primaire, moyen et secondaire) aura lieu le 30 avril
prochain et les résultats définitifs seront connus le 30 juin 2016. Ces
futurs 28 000 enseignants intègreront leurs postes dès la prochaine
rentrée scolaire, et ce, sans aucune formation de longue durée !
Toutefois, les candidats retenus suivront des formations cycliques dès
le mois de juillet, et le ministère a déjà pris option pour un portail
électronique de formation à distance. «Nous allons compenser le manque
pédagogique par un encadrement de qualité, l'accompagnement et la prise
en charge à travers les inspections», a expliqué la ministre, insistant
sur le recrutement des diplômés des Ecoles normales supérieures des
enseignants (ENS).
LSR
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