Actualités : Le Bonjour du «Soir»
Lettre à l'État civil
Par Maâmar Farah
Monsieur l'Etat civil,
Je t'écris ces quelques lignes pour te dire que, contrairement à
beaucoup, je ne t'aime pas du tout ! Mais alors, pas du tout ! Je
préfère, de loin, l'État non civil, celui où l'on n'entendait parler ni
de paradis fiscaux, ni de corruption, ni de millions de dollars faisant
le tour du monde à bord de comptes bancaires très spéciaux ! L'autre
Etat, je ne sais plus s'il était militaire, à moitié civil ou moins
civilisé, n'a jamais élevé les zaouias au rang de lessiveuse. Et
d'ailleurs, un jour, je publierai le rapport d'un colonel des services
spéciaux français qui livre des détails croustillants sur la
collaboration de beaucoup de confréries avec l'administration française.
Mais heureusement que d'autres se sont élevées avec bravoure et
détermination contre la présence coloniale. Ce rapport nous apprend, par
exemple, que la Senoussia s'est engagée délibérément et très tôt en
faveur de l'indépendance !
Je n'aime pas cet Etat civil qui ferme la gueule à la justice et utilise
les marabouts pour blanchir des gens impliqués jusqu'au cou dans des
scandales mondiaux !
Je te demande, Etat civil, de dire à ton Ammar et à son cirque de cesser
un peu de jouer aux clowns et aux magiciens : ils n'amusent plus
personne ! Ils ont, certes, beaucoup de pouvoirs magiques mais ils ne
peuvent cacher le soleil avec un tamis. Et si ta zaouia blanchisseuse
peut le faire, qu'elle se prépare déjà à accueillir Bouchouareb, le
numéro 12 de la sélection panaméenne ! Et bien d'autres encore ! Car,
vois-tu, les vraies justices des vrais Etats civils ne se font pas
berner par les marabouts !
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