Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où l’on regarde, ahuri, remettre au goût
du jour une espèce de code de conduite qui ne tolère aucune
contestation. On se surprend à écouter discourir des esprits retors dont
on ne tarde pas à convenir qu’ils ont égaré quelque part leurs capacités
à distinguer la réalité du mensonge. Les voilà donc qui dissertent sur
un ensemble de règles à édicter. Une sorte de charte qui voudrait qu’à
chaque fois que l’on en énumère les préceptes, au nom d’une morale plus
adaptée aux autres qu’à soi-même, on convoque l’islam, les hadiths, la
sunna, le Coran, la charia et tout ce qui pourrait renvoyer de soi
l’image d’un bon musulman. L’apparence, aussi perfide que trompeuse,
nous conduit quelquefois à interroger une évidence qui en dit long et
sur la méconnaissance des textes religieux et sur le comportement à
épouser lorsque l’on se prétend bon croyant et bon pratiquant. Comment
faire l’impasse sur cette bigoterie aussi niaise qu’insolente et sur ces
êtres incultes qui prospèrent à coup de débats nauséeux ? Comment rester
impassible à proximité de discours qui, dès lors qu’ils s’expriment au
nom d’une pensée normalisée et en imposent la vision figée, détournent
l’attention des choses essentielles ?
Nous voilà donc confrontés à une pédagogie de l’ignorance qui se fait la
main sur tout ceux qui tentent de penser ou d’agir librement. A
l’origine, des arguments fumeux, un nouveau mode de pensée et une
version perfectionnée de l’hypocrisie, de la mauvaise foi et de
l’incompétence à faire face au savoir et à la sagesse. Comment les
Algériens si ouverts au monde sont-ils tombés sous influence ? Quand une
femme le matin me dit assalamou alaïkoum au lieu de sbah el kheir, ou
qu’au début d’un courrier, une autre, qui s’exprime en français, se
croit obligée de me servir le même salam alikoum au lieu d’un simple
bonjour, ça me donne de l’urticaire ! Quand, le vendredi, je croise ces
hommes, en kamis et claquettes, qui se précipitent, le tapis sur le
bras, à la mosquée du coin, je me dis que le renoncement à la belle
gandoura blanche est révélateur d’une régression loin de la fécondité
qu’on lui prévoyait.
M. B.
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