Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Où va-t-on comme ça ?
Par Malika Boussouf
[email protected]
Il est des jours comme ça où l’on se demande désespérément où va
l’Algérie. Question passée à la postérité pour avoir été posée, à juste
titre, par le regretté Mohamed Boudiaf, le seul magistrat suprême,
l’unique homme d’Etat que le pays méritait d’avoir à sa tête et auquel
la mafia politico -financière s’est empressée de réserver le sort que
l’on connaît.
Depuis le jour funeste de son assassinat, je me suis régulièrement posé
la question de savoir s’il fallait parler de mafia solidement organisée
aux fins de dépouiller les Algériens que nous sommes ou d’individualités
planquées au cœur du sérail et missionnées pour faire fructifier leur
bas de laine et celui de parrains aux pouvoirs illimités. On sait en
tout cas depuis le meurtre accompli en direct que les puissances
d’argent de ce pays ne reculent devant rien quand il faut se préserver
d’une quelconque condamnation ou du jugement d’autrui ; d’où cette
arrogance qui nous est, pour le coup, devenue familière des gouvernants
à l’égard de nous autres gouvernés. Je suis souvent tentée de qualifier
ceux qui animent notre quotidien de façon aussi désagréable de «tous
pourris» avant de me reprendre pour ne pas porter atteinte à l’intégrité
morale d’une majorité naïve, frileuse ou réticente qui regarde faire
sans réagir ceux qui ne craignent pas de se faire choper, parce qu’elle
ne détient pas le pouvoir de le faire. On a beau retourner le problème
dans tous les sens et s’interroger en permanence sur les moyens de
résoudre l’équation relative à ce secteur de la société, à cette frange
impitoyablement vorace, à nos chantres du néolibéralisme qui se voient
et se croient, non sans raison, dispensés de rendre des comptes, toutes
les réponses envisageables restent hésitantes. Elles sont suspendues à
une certitude qui ne dit pas son nom et selon laquelle il n’y aurait
plus rien à faire.
Comment penser une autre politique, un autre pouvoir, d’autres
institutions, une autre morale et rénover les valeurs dans un pays où la
perte de repères s’accentue chaque jour un peu plus ? Quand a-t-on cessé
de croire qu’une promotion sociale était possible à construire
honnêtement ?
M. B.
|