Soirmagazine : ATTITUDES
Sauvée
Par Naïma Yachir
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La rage de dent l’empêchait de dormir. Elle se leva plusieurs fois dans
la nuit. Elle pleurait, implorant sa mère de lui donner un médicament
pour calmer la douleur.
- Tu viens de prendre un comprimé, patiente le temps qu’il fasse son
effet.
- Mais la douleur devient insupportable.
- Le dentiste a dit que c’est normal après des soins. Essaye de dormir,
demain nous irons le voir.
Le lendemain, à son réveil, Manar, cette gamine de 11 ans était
méconnaissable, le visage déformé par l’enflure. Un véritable monstre.
Elle se dirigea vers sa maman apeurée.
A sa vue, celle-ci blêmit. Elle n’avait jamais vu cela de toute sa vie.
Elle cacha son inquiétude pour ne pas effrayer sa fille, et lui demanda
de s’habiller.
- Nous allons chez le dentiste. Il va arranger ça.
La douleur s’est amplifiée, et le gonflement s’est propagé jusqu’au cou.
Arrivées au cabinet, le docteur n’en croyait pas ses yeux.
«Il faut l’évacuer en urgence à l’hôpital.»
Arrivées à l’hôpital de Blida, et vu la gravité des choses, c’est vers
le CHU Mustapha qu’elle sera transférée en extrême urgence.
La situation est plus dramatique qu’elle ne le pensait.
L’équipe médicale du service maxillofacial est ahurie.
Comment Manar en est arrivée à cet état ? La maman explique : «C’est une
molaire qu’elle traitait chez un dentiste privé. Une petite carie, tout
ce qu’il y a de banal.»
Aussitôt, des examens sanguins, et des radios sont effectués.
«Il est 1h du matin. Il faut l’opérer illico presto, pour extraire le
pus qui a gagné la gorge, elle risque l’étranglement.»
L’équipe, jeune, se met vite au travail. Mannar pleure, elle a peur,
c’est la première fois qu’elle subit une intervention chirurgicale. La
mère panique, éclate en sanglots : «Sauvez ma fille, s’il vous plaît»
Elle est vite rassurée par les chirurgiens.
Les cris et les supplications de Manar se font entendre. La mère se
lamente, elle étouffe ses cris en mordant sur un mouchoir. Elle est
consolée par les mamans dont les enfants sont hospitalisés.
«Ne t’inquiète pas, c’est une bonne équipe. Ta fille sera sauvée.»
L’intervention dure plus d’une heure. Mannar est hors de danger. Elle
est transportée au service de réanimation. La maman est étonnée par la
conscience des médecins, où les chirurgiens, à tour de rôle, vérifient
sa tension et le débit du sérum. «Elle revient de loin, dit l’un d’eux.
La maman la veille. Elle est agréablement surprise par la propreté des
lieux, le sérieux des médecins, paramédicaux et tout le reste du
personnel.
«Le service est nickel. Je m’imaginais le pire. D’ailleurs, j’ai apporté
tout l’attirail de détergents. Et là je n’en revenais pas. Si on me
l’avait raconté, je n’y aurais pas cru. Je suis arrivée au service,
incognito. Je ne connaissais personne. Et j’ai été prise en charge avec
célérité et humanisme. On m’a tout expliqué. Vous vous rendez compte, le
professeur venant faire sa visite l’appelle du couloir et lui dit des
mots gentils pour la mettre en confiance, car elle avait tellement mal,
que personne ne pouvait toucher sa plaie. C’est au niveau de la gorge
qu’on l’a incisée. Quand je la regarde, j’ai du mal à croire qu’elle a
retrouvé l’aspect normal de son visage et qu’elle est toujours en vie.
C’était horrible. Je suis enfin rassurée !»
Manar quittera le service après six jours d’hospitalisation. Elle y
reviendra juste pour des contrôles.
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