Actualités : ANNONCÉ À MAINTES REPRISES
Le remaniement ministériel est-il encore d’actualité ?


Le remaniement ministériel, maintes fois annoncé, tarde à voir le jour, ouvrant ainsi la voie à toutes sortes d’interprétations.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Le sujet a en fait été introduit de manière très probante par le secrétaire général du FLN réputé pour ses discours annonciateurs d’évènements et ses propos révélateurs des tendances politiques de l’heure.
Ammar Saâdani a, comme on le sait, particulièrement confirmé son statut de «porte-parole» des sphères de décision en menant l’opération médiatique visant à préparer l’opinion au retour de Chakib Khelil. Avant cela, ses interventions publiques, organisées en fonction des conjonctures, ont très fréquemment fini par se vérifier sur le terrain transformant ses sorties médiatiques en évènements politiques à même d’éclairer une opinion plongée dans le flou.
Cette fois, le fameux remaniement ministériel n’a, cependant, pas eu lieu. Selon le même Saâdani, le changement devait intervenir au plus tard au mois de mars dernier. Ce qui avait surtout attiré l’attention, c’est l’insistance avec laquelle il avait présenté cette option de remaniement n’hésitant pas, pour cela, à contredire deux ministres qui préféraient, eux, s’avancer prudemment sur la question.
Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait été interrogé en marge de la cérémonie d’ouverture de la session de printemps de l’Assemblée rétorquant, de manière visiblement gênée, qu’il s’agissait là d’une décision et d’une prérogative dépendant exclusivement du président de la République.
Acculé par les journalistes, il a été ensuite amené à s’étaler un peu plus longuement sur le sujet en déclarant que ce remaniement pouvait être partiel, total ou encore que l’option pouvait pencher en faveur du maintien du gouvernement… Aucun éclairage supplémentaire. Tout au contraire, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, M. Tahar Khaoua, a balayé d’un revers de la main toutes les informations circulant à ce propos indiquant qu’il s’agissait de «pures spéculations». Ce que n’admet pas le secrétaire général du FLN. Il maintient l’information qu’il avait livrée lors d’une réunion des mouhafedhs et réitère ses propos pour contredire les deux ministres lors d’une rencontre à Zéralda avec les étudiants. «Il y aura incessamment un remaniement ministériel», martèle Saâdani en y allant avec force détails. Selon lui, il s’agira d’un remaniement partiel n’incluant pas de changement à la tête du gouvernement.
Le maintien de Sellal à la tête de l’exécutif «fera du FLN le parti qui dirigera le gouvernement». Mais depuis plus rien, les semaines se sont écoulées sans que l’information se vérifie, accentuant le flou politique. Saâdani n’en a plus parlé et a même été contraint à un silence pesant mis sur le compte d’un voyage privé en Chine puis en France, confortant l’idée d’un probable changement d’aiguillage en haut lieu. Il s’agirait, plutôt, d’une remise en place des équilibres déstabilisés par une guerre ouverte entre les responsables du FLN et du RND dont Ouyahia est sorti grand gagnant après avoir été plébiscité par sa base et surtout félicité par le Président Bouteflika. Après son lot d’insultes et de menaces, Saâdani lui-même a dû se ranger et féliciter à son tour Ouyahia.
La rupture des équilibres entre les deux partis majoritaires a-t-elle influé sur le report du remaniement ? Le fait est probable, mais il s’agirait alors d’un élément, car d’autres facteurs paraissent aussi entrer en compte. Celui des scandales liés aux révélations des Panama Papers en est un. Ces révélations sont intervenues au moment même où les changements ministériels devaient intervenir.
La rumeur accordait alors à Bouchouareb le poste de Premier ministre, or le nom de ce dernier figure parmi la liste des principales personnalités algériennes à tremper dans des affaires douteuses et il aurait été très mal perçu de concrétiser cette option à l’heure où le pays est déjà en proie au retour de Chakib Khelil. A l’inverse, une décision de mettre à l’écart Bouchouareb (si tel était le cas) aurait été perçue comme une manière de céder aux pressions liées à ce scandale, ce qui aurait été contraire à la stratégie officielle de ne pas céder «aux pressions de ce genre».
Tout ceci semble avoir mis le pouvoir dans l’indécision. Une position accentuée par le malaise profond lié à l’état de santé du Président Bouteflika et ses conséquences sur sa capacité à gérer les affaires du pays.
Une situation qui a induit une paralysie totale de toutes les activités et généré le sentiment qu’il y a, aujourd’hui, une difficulté manifeste d’aller plus loin qu’une simple révision constitutionnelle. Là aussi, des observateurs avertis de la scène politique s’interrogent sur la mise en application des lois organiques (plus d’une dizaine) contenues dans la nouvelle Constitution, adoptée il y a plus de deux mois.
Ces lois nécessitent la mise en place de commissions par les ministres des tutelles (comme ceux de la justice, de la santé…) Ont-elles été retardées en raison des changements qui ne sont pas intervenus ?
A. C.



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