Sports : Farid Belmellat (entraîneur des gardiens d’Erraed Saoudi) :
«Notre métier risque de disparaître»


Gardien de but puis entraîneur des gardiens, Farid Belmellat, formé au RC Kouba, a connu les titres avec l’USMA et la sélection A sous Leekens. Il avait gravi les échelons pas à pas. Aujourd’hui, après une carrière de footballeur bien remplie, il transmet sa passion aux gardiens d’ici et d’ailleurs.

Le Soir d’Algérie : Comment avez-vous atterri au sein d’Erraed Saoudi ?
Farid Belmellat
: Par pur hasard. Je ne pensais même pas quitter le championnat algérien. Un jour, un manager m'a sollicité pour une aventure de quatre mois au niveau de ce club de première division saoudienne. J’ai accepté le challenge et à la fin de la saison, les dirigeants du club m’ont proposé de renouveler le bail. Je n’avais pas résisté à la tentation de repartir pour une nouvelle expérience car on m’offrait toutes les conditions de travail.

Où se situe la différence dans l’encadrement des gardiens en Arabie Saoudite comparativement à ce qui se fait dans le championnat algérien ?
Ici, on accorde une grande importance à la formation des gardiens. Entraîner des gardiens en Arabie Saoudite est une vraie fonction et non un poste vacant à combler. Chaque catégorie de jeunes a son propre entraîneur de gardiens. Aussi il est formellement interdit de recruter un gardien de but au sein de l’équipe «seniors». La priorité est donnée au produit local.

Vous dites que le poste d’entraîneur de gardiens en Arabie Saoudite est une fonction reconnue. Est-ce à dire que, chez nous, elle est marginalisée sachant que le président de la FAF a toujours fait remarquer l’importance du déficit en la matière ?
Personnellement, après avoir obtenu mes diplômes, j’ai failli basculer vers le métier d’entraîneur tout court. Cependant, j’ai préféré braver tous les aléas et continuer dans ma vocation, celle d’entraîneur formateur spécialisé dans la préparation des gardiens. Hélas l’absence d’un statut qui protège notre profession n’encourage pas les anciens à se spécialiser dans leur domaine.

Peut-on incomber l’incapacité du championnat national à fournir un gardien de but pour la sélection à ce problème de formation ?
C’est un autre problème. On ne peut pas avoir un gardien de but confirmé pour la sélection sans la stabilité et la confiance. Zemmamouche et Asselah auraient pu facilement s’imposer, mais ils n’ont pas eu le soutien nécessaire. Pis, ces gardiens ont été mis sous pression négative.

Comment ça ?
Je me souviens qu’une fois, l’équipe nationale allait disputer un match à Blida. Zemmamouche a été titularisé suite à l’absence de M 'Bolhi. Au moment où Zemmamouche foulait la pelouse, tout le stade scandait le nom de M'Bolhi !

Donc, à votre avis, un remplaçant de M’Bolhi issu du championnat national n’est pas de sitôt ?
Je ne partage pas votre avis car il y a des gardiens qui peuvent facilement succéder à M’Bolhi. Je vous cite l’exemple de Chaâl à qui il faut faire confiance.

Votre club formateur, le RC Kouba, file droit vers la relégation. Un commentaire ?
Je suis très peiné, au point d’être malade. Un club historique comme le RCK, qui a formé des tas de grands noms pour le football national, risque de disparaître.

Par contre, l’USM Alger a réussi à empocher son septième titre de champion. Un mot pour vos anciens coéquipiers ?
Je suis très content pour le club et surtout pour les supporters des Rouge et Noir. L’USMA récolte les fruits d’une stratégie. L’objectif de l’USMA est d’être sur le toit de l’Afrique.
Propos recueillis par A. A.



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