Actualités : Fraude et fuite de sujets
À qui profite le sabotage ?
Un crime prémédité au goût d’une lutte de clans est,
ce dont qualifient des syndicats de l’éducation nationale, le tumulte
qui a fouetté l’examen du baccalauréat depuis mercredi. Une véritable
campagne hargneuse anti-Benghebrit est menée par certaines chaînes
télévisées et partis politiques ces jours-ci, sur les réseaux sociaux
notamment.
Naouel Boukir - Alger (Le Soir) - La fuite des sujets de la
langue anglaise, des sciences naturelles et d’histoire-géographie pour
les épreuves du baccalauréat implique plus de quinze plateformes
d’échanges et 150 profils Facebook dont certains sont domiciliés à
l’étranger, a précisé le ministère de l’Education dans son dernier
communiqué. Si tout cet enchevêtrement virtuel a été élaboré par un
simple citoyen, quel serait son intérêt ? Et surtout, pourquoi ces
domiciliations à l’étranger si ce n’est que pour flouter les tentatives
de traçabilité ? C’est dire que ces actes à grande échelle n’ont pas été
commis par des petits jeunes «par rébellion ou compassion» avec les
candidats du bac mais qu’il y a bel et bien une tête pensante derrière
tout ce manège car les enjeux sont bien plus pesants.
Pour le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement du
secondaire et technique (Snapest), l’Union nationale des personnels de
l’éducation et de la formation (Unpef) et le Syndicat autonome des
travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), il s’agit là
«d’un véritable complot contre Nouria Benghebrit». Ses réformes pour
remettre le secteur de l’éducation sur des bases solides et moderniser
l’école algérienne semblent avoir dérangé une certaine catégorie dès le
départ, «l’accusant de vouloir franciser le système». Et l’utilisation
du discours à la haine n’a pas été épargnée par ces opposants se disant
«conservateurs». Les partis islamistes jubilent depuis que les fuites de
sujets répétées ont été signalées. Trouvant là une aubaine, «un autre
argument», pour désapprouver non seulement le programme de la ministre
mais également sa personne.
L’Alliance de l’Algérie verte, issue des partis de la mouvance
islamique, à savoir le trio : le Mouvement de la société pour la paix,
Ennahda et El Islah, a sauté sur l’occasion pour réitérer ses
offensives. Dans son communiqué de jeudi, elle a évoqué «un scandale
énormissime affectant la crédibilité de l’examen du baccalauréat et la
sacralisation de notre système éducatif». Des accusations empreintes
d’une forte virulence ont été listées pour conclure avec un vœu tout
aussi irrationnel que déplacé. L’Alliance invite la ministre «à se munir
du courage nécessaire pour annoncer sa démission et celle de ses
collaborateurs». Puis appelle le président de la République «à la
congédier si Benghebrit ne se décide pas à s’en aller».
Ces attaques et revendications sont également restituées par certaines
chaines télévisées et groupes sur les médias sociaux voulant positionner
l’opinion publique contre la ministre de l’Education et la détourner des
véritables lacunes du secteur. Tandis que les rumeurs circulant sur
Facebook faisant état de l'annulation du baccalauréat 2016 ont été
catégoriquement démenties par l'Office national des examens et des
concours (Onec) ce jeudi dans son communiqué, recommandant aux candidats
de ne pas tenir compte des ces «informations tendancieuses».
Parallèlement, des internautes, se disant conscients du complot organisé
à l’encontre de la ministre, se mobilisent sur Facebook, notamment à
travers des statues et photos de profils arborant le slogan «je suis
Benghebrit».
Par ailleurs, le Snapest a ajouté que ce sont les défaillances du
dispositif Onec qui ont été exploitées contre la ministre de
l’Education. Le Conseil national des personnels du secteur ternaire de
l’éducation (Cnapeste) a, quant à lui, précisé que «l’Onec n’avait même
pas de sujets de secours et que les premiers signes de fuite n’ont pas
été pris en considération». C’est à se poser des questions sur le
pouvoir tentaculaire des meneurs de cette conspiration dont les
premières victimes sont les candidats au bac 2016.
N. B.
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