Sports : La Squadra Azzura compte sur lui pour évincer la Mannschaft
Chiellini, de l'école des défenseurs italiens


Bud Spencer est parti, mais l'Italie a toujours un gros dur pour battre les Allemands, Giorgio Chiellini, faux méchant et vrai grand défenseur, prêt à reprendre le rôle samedi en quarts de finale de l'Euro-2016.
On l'appelle «Giorgione». Après Tarcisio Burgnich (1970), Claudio Gentile (1982) et Fabio Cannavaro (2006), le guerrier Chiellini est prêt à se tailler une place dans la légende des intraitables défenseurs italiens. Ne vous fiez pas à sa gueule de catcheur, Chiellini est une crème. Il avait supporté en souriant les taquineries de l'AFP sur ses retrouvailles avec le mordeur Luis Suarez prévues lors de la finale de la Ligue des champions 2015 Juventus-Barcelone, qu'il a finalement ratée sur blessure. Cultivé, diplômé (licence d'économie), il est un des préférés de la presse car ses interventions s’écartent du récitatif habituel «le groupe vit bien-l’important c'est les trois points». «Nous étions des pipes, nous sommes devenus des phénomènes et nous voilà redevenus des pipes!», avait-il lancé, sur des airs de Commedia dell'arte, avant le choc contre l'Espagne.

Impitoyable
En revanche, sur le terrain, il est impitoyable. Comme annoncé par son compère Andrea Barzagli, il a mis la petite semelle dès son premier contact avec Alvaro Morata, son coéquipier à Turin pendant deux ans, lors de la victoire contre la «Roja» (2-0). Chiellini a pris une revanche éclatante sur les Espagnols, lui qui était sorti en larmes au bout d'une vingtaine de minutes de la finale d'il y a quatre ans (4-0), encore une finale manquée. Son but, du gauche bien sûr, des suites d'un coup franc, montre que sa participation ne se résume pas à l'arrière-garde, et accessoirement que l'Italie d'Antonio Conte ne fait pas que défendre.
Des buts, il en a déjà mis, notamment un doublé contre l'Azerbaïdjan (2-1) en qualifications. Ce jour-là il avait même réussi une sorte de triplé puisqu'il avait aussi marqué contre son camp... Car Chiellini (87 sélections, 7 buts) n'est pas parfait. "Dans d'autres pays d'Europe, ce n'est même pas sûr qu'il jouerait, ose l'entraîneur de Nantes, René Girard, mais sa qualité tactique et le collectif bonifient ses talents de combattant».

«S'il faut prendre un jaune...»
Giorgione se fiche des comparaisons et se réfère toujours «au travail quotidien» et à «l'humilité, ce sont nos forces, dit-il, nous sommes conscients de nos qualités et de nos défauts». A 31 ans, il fait également partie des cadres, avec ces deux associés de l'imperméable défense à trois, Andrea Barzagli et Leonardo Bonucci. «Nos rôles ne consistent pas seulement à bien faire notre métier mais aussi à donner cette sécurité à nos coéquipiers autour de nous, car la majorité est plus jeune». Son expérience le pousse à jouer libéré de la crainte de la suspension, comme il l'a prouvé en défendant dur contre l'Espagne alors qu'un jaune lui aurait coûté le quart. «Barza» et «Leo» sont d'ailleurs aussi sous la menace. «Ça ne compta pas, ça ne nous conditionne pas, ce sont des matchs à quitte ou double, on ne peut pas penser au lendemain, dit-il. S'il faut prendre un jaune on le prendra, et si on manque le match d'après, tant pis. Je ne peux pas y penser le moins du monde.» Modeste, il repousse les comparaisons entre ce trio et les défenses qui ont bâti la légende de l'Italie, en se réclamant indirectement de l'école du besogneux Marco Materazzi, champion du monde 2006. «Tous se souviennent du grand Mondial de Marco. Alessandro Nesta était un des meilleurs défenseurs au monde des dernières années, mais il était blessé», dit-il. La meilleure défense, «c'est celle qui gagne, c'est ça la vérité», conclut Chiellini. Encore trois matchs pour entrer pour de bon dans la légende, Trinita.



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