Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Tuer pour Allah !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où l’on a la désagréable sensation de ne
plus entendre que cela ! C’est là que l’on se retrouve aux prises avec
la sempiternelle question de savoir si les jeunes qui le disent en ces
termes ont réellement conscience de ce à quoi ils participent.
C’est lorsque s’impose à nous l’image de ces jeunes filles et jeunes
garçons pas encore ou à peine sortis de l’adolescence fuyant le cocon
familial pour s’en aller troquer leur vie contre un idéal sublimé à
l’extrême, que notre impuissance à arrêter cette monstrueuse machine qui
en fait des zombies devient encore plus difficile à admettre. La
légèreté avec laquelle toutes et tous racontent que c’est pour servir le
message d’Allah qu’ils s’en vont tuer est désespérante. L’image de ce
garçon, dont les parents pleurent la rupture avec le milieu dans lequel
il baignait, est pathétique.
Il fixe, comme dans un état d’exaltation extrême, la caméra du
journaliste qui s’adresse à lui et annone les quelques phrases
rudimentaires adoptées pour mieux atteindre cette volupté qui l’habite
lorsqu’il s’exprime dans «la langue du Coran» : «Inchallah, machallah,
bismillah, Allah akbar, Allah a dit, il faut tuer les mécréants qui ne
sont pas dans le droit chemin.» Un langage qui résume à lui seul toute
l’indigence du zombie en question. Le seul, en fait qui leur soit
accessible surtout qu’on ne leur en demande pas tant quand d’autres sont
là pour orienter leur mode de réflexion et que la seule utilité qu’ils
ont c’est celle de servir de chair à canon. Il aurait pu être le mien
d’enfant ou le vôtre. Dans un regard perdu qui recherche celui
approbateur de l’émir qui a autorisé la rencontre à des fins de
propagande et qui ne se tient jamais bien loin de là, il livre le fond
de son tout nouveau mode de pensée. Sur un ton qui se veut ferme, il
révèle, parce que l’on aura réussi à l’en convaincre, que c’est Allah
qui lui tient le bras, qui appuie sur la gâchette et tire pour lui et
qu’il a donc la bénédiction suprême.
Et voilà la formulation idéale censée innocenter l’acte barbare qu’il a
commis et lui donner une première assurance qui l’aidera à commettre les
prochains.
M. B.
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