Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Patience, il y en aura pour tout le monde !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où lorsque j’entends dire que des milliers
de familles vont enfin être relogées, je me réjouis à l’idée que
l’environnement perde quelque peu de sa laideur. Quand les pouvoirs
publics prétendent éradiquer l’habitat précaire et disent vouloir en
finir avec la façon hideuse dont les bidonvilles ont ceinturé la
capitale au fil du temps, vous pensez à tous ces couples qui, depuis des
années, ont versé de l’argent à l’AADL ou au LPP. Tous attendent depuis
des lustres qu’on veuille bien leur annoncer la fin du calvaire.
Patienter encore et toujours ! Lorsque l’on s’engage dans une aventure
pareille, on ne se figure pas que l’on aura à attendre d’avoir les
cheveux blancs avant d’affirmer avec certitude que le meilleur reste à
venir. L’objet de ce billet n’était pas de critiquer la lenteur mise à
satisfaire les prétendants à une vie plus décente. Parce que pour
accéder à l’objet de leurs rêves ils devront attendre, comme nous
l’avons sus-évoqué, de vieillir un peu plus et surtout que l’argent
investi par eux génère du profit et permette de loger aussi une partie
de ceux qui n’ont pas les moyens de payer et qui n’en réclament pas
moins de s’élever socialement. Je ne sais pas pourquoi je pense du coup
à cette anecdote rapportée, un jour, par un couple de cadres supérieurs
de mon entourage. Un homme et son épouse qui ont choisi de ne pas faire
plus de deux enfants de façon à répondre plus aisément à leurs attentes.
Un matin, l’ami croise un voisin dans les escaliers de l’immeuble. Il
s’arrête pour les politesses d’usage et voilà qu’au cœur de l’échange,
celui qui, contrairement à lui, a bien agrandi sa famille au fil du
temps, s’exclama sur un ton dépité : «Quelle chance tu as quand même, tu
vis bien, tes enfants ne manquent de rien. Nous, à la maison on a perdu
jusqu’au goût de la viande. La vie est vraiment injuste !» Ce qui est
injuste en vérité, c’est de vouloir culpabiliser ceux qui planifient
plus sérieusement leur avenir. Mais comment en convaincre les parasites
qui gravitent autour ? Et dire que je voulais parler de ces cités jolies
et hideuses à la fois !
M. B.
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