
Régions : BOUMERDÈS
La rentrée universitaire de tous les défis
Le recteur de l’université M’hamed-Bougara de
Boumerdès (UMBB), le professeur Abdelhakim Bentellis a le mérite de
faire publiquement des prévisions chiffrées accompagnées d’échéances.
C’est rare en Algérie.
«Je veux, à la fin de l’année qui va débuter en septembre, un taux de
réussite de 70% pour les premières années et entre 85 et 90% pour les
deuxièmes, les troisièmes années et les examens de licences ainsi que
ceux des masters. Il n’y a en effet aucune raison pour qu’un étudiant
qui suit normalement ses cours dispensés par des enseignants qui font
correctement leur travail dans une université calme ne réussisse pas»,
nous lança-t-il mercredi passé dans son bureau alors qu’il devait être,
en cette période de l’année, en congé. «Mes vacances ? Je quitte chaque
jour mon bureau à 13 heures.»
Pour revenir au taux de réussite global de l’UMBB, il est évalué à 58%
pour l’année 2015-2016. Le professeur Bentellis a sa méthode pour faire
participer tous les éléments de la communauté universitaire de Boumerdès
à cette œuvre. Elle est basée d’abord sur le dialogue, ensuite la
détermination de la responsabilité de chaque membre de cette communauté.
Et il ne manquera pas, par ailleurs, de mettre en garde tout un chacun
«depuis mon arrivée, j’ai reçu tout le monde et j’ai dialogué avec tout
le monde, maintenant que les problèmes sont identifiés et certains
aplanis, il est temps d’agir en direction de la prise en charge des
étudiants.
Effectivement, à son arrivée, en janvier 2016, le recteur de Boumerdès
avait trouvé une université en effervescence et d’immenses retards dans
tous les domaines. Il compte mettre fin à tout cela en plaçant le volet
pédagogique au centre de l’intérêt des étudiants et des enseignants. En
clair, l’université doit absolument respecter toutes les échéances
auxquelles elle doit faire face durant l’année universitaire : respect
des dates de la rentrée et du début des cours, respect des dates
d’examens, des corrections, de l’affichage des notes, des
délibérations... On ne peut pas exiger des partenaires de la rigueur
quand soi-même on est défaillant.
Le professeur Bentellis nous explique sa démarche. «J’ai exigé des
facultés qu’elles affichent les emplois du temps le 4 septembre. J’ai
également exigé qu’avant le 18 septembre toutes les sections soient
constituées.» Fini donc les rentrées faites de grèves, de fermetures des
facultés, d’agitation et de cours qui ne commencent qu’en janvier ou
encore plus tard ? «Des responsables nous ont dit que nous avons réussi
à redresser la situation de l’université et à terminer l’année dans la
sérénité. J’estime que nous n’avons atteint que 50% de réussite. Il nous
reste les 50% à acquérir lors de la prochaine rentrée qui doit être
parfaite.»
Cap sur la formation de qualité
Le professeur Bentellis, qui revient au bercail, puisqu’il est sortant
de l’INH (Institut national des hydrocarbures) est porteur de grandes
d’idées pour réformer — dans la limite de ses prérogatives — l’UMBB afin
de lui inculquer l’esprit d’université. Il estime, en effet, que le
regroupement, en 1998, de 6 instituts pour fonder l’université n’a pas
contribué à créer cet esprit.
Première grande opération qu’il a entamé c’est de désengorger la Faculté
des sciences (Campus sud ex-INIL) qui compte à elle seule 15 000
étudiants sur les quelque 29 500, dont 7 200 nouveaux inscrits pour
l’année 2016-2017. La Faculté des sciences abrite à elle seule 50% des
capacités des 5 facultés et un institut que compte l’UMBB. Selon le
recteur «l’exploitation rationnel des locaux pédagogiques et le
redéploiement de l’effectif enseignant nous permettront de soulager
cette faculté de 4 500 étudiants du département des langues étrangères
et ceux du sport. Ces derniers seront installés pas loin du complexe
sportif de la ville.»
Autre grand chantier du professeur Bentellis, la qualité de la
formation. Dans ce grand chantier, il sollicite l’implication de tous
pour la prise en charge effective des étudiants. Il appelle également
les doctorants à développer le tutorat. «Nous avons, en outre, créé des
cellules d’écoute de proximité dans lesquelles enseignants,
représentants d’étudiants, chef de départements et staffs administratifs
sont appelés à apporter leurs contributions.»
Le résultat espéré de ces actions est le renforcement de l’argumentaire
visant à projeter l’université M’hamed-Bougara aux premières loges du
classement national. «A mon arrivée, Boumerdès, notre université était
classée à la 17e place, en juillet elle a grimpé à la 10e place, notre
ambition est d’être classés parmi les 5 premiers et devenir un véritable
pôle universitaire.» C’est la première fois que l’UMBB sort de la
fonctionnarisation régionale pour se donner des ambitions nationales au
demeurant légitimes.
Autre grand projet du professeur, l’agrandissement de l’université de
Boumerdès en la dotant de deux autres facultés (langues et langues
étrangères et science de la vie et de la nature) et d’un second institut
(sport).
Concernant l’introduction de tamazight à l’université de Boumerdès, le
professeur Bentellis dit manquer de l’essentiel pour l’introduction de
cette langue et la culture amazighe, à savoir les enseignants. «S’il y a
un groupe d’enseignants qui se manifeste j’en serai ravi. D’ailleurs, ce
n’est pas uniquement en tamazight que nous manquons d’enseignants. Pour
l’occasion, je lance un appel aux candidats, pour se rapprocher de nos
services et leur dire que la ville de Boumerdès, bien située, ne manque
de rien en matière d’infrastructures.»
Abachi L.
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