Sports : Boxe
Mohamed Allalou (Entraîneur de boxe et médaillé aux jeux de 2000) :
«À Rio, le niveau de nos boxeurs était limité»
Médaillé de bronze aux JO de 2000 à Sydney et devenu
entraîneur de boxe au GSP, Mohamed Allalou a suivi la piètre prestation
de nos pugilistes à Rio. Il était intéressant de recueillir l’avis et
l’analyse du dernier Algérien à avoir porté haut les couleurs du pays
dans le noble art.
Le Soir d’Algérie : En tant que médaillé de bronze aux JO de 2000,
comment jugez-vous l’énorme échec de nos boxeurs à Rio ?
Mohamed Allalou : Ce n’est pas tellement une surprise parce que
depuis 2000 justement, l’Algérie n’avait plus obtenu aucune médaille en
boxe aux différents JO.
Et pourtant, cette fois-ci, on espérait vraiment au moins une
médaille.
En effet, tout le monde espérait une médaille, mais la remporter aux
JO, ce n’est pas facile du tout.
Vous n’avez donc pas été surpris par ce fiasco ?
Moi, j’ai toujours considéré que les JO, c’est du très haut niveau.
Nos espoirs reposaient sur Benchebla et surtout Flici qui était tout
auréolé de sa médaille acquise aux championnats du monde.
On espérait un bon tirage et il l’a eu, mais il a échoué ainsi que tous
les autres. Il faut être réaliste, leur niveau était limité, et ils
n’étaient pas à la hauteur de leurs adversaires.
Ils se sont préparés aux USA. Ils auraient dû le faire à Cuba comme
les Français qui ont, eux, obtenu des médailles ?
Mais nos boxeurs se sont également préparés à Cuba avant de rejoindre
les USA. Ils ont passé 21 jours à La Havane avant de revenir passer le
Ramadhan. Puis après l’Aïd, ils se sont envolés vers l’Amérique avant de
rejoindre directement Rio. Par conséquent, ils étaient bien préparés en
principe.
Mais par rapport à d’autres pugilistes, ils manquaient de combats.
Oui, mais si l’on se réfère à leurs déclarations, avant les jeux,
ils avaient tous déclaré qu’ils avaient eu tous les moyens pour bien se
préparer. Je crois que le problème se situe ailleurs.
Quel est le problème ?
Je pense qu’il y a eu un blocage psychologique. Pour se préparer,
nos boxeurs ont eu tous les moyens, mais en dehors des rings, ils
attendaient des avantages comme des postes budgétaires pour commencer à
travailler. Déjà, avant qu’ils ne partent aux JO, on leur avait fait des
promesses qui n’ont pas été tenues, ils étaient déçus. Maintenant, il
faut songer à préparer les prochains JO dès maintenant et ne pas
attendre les derniers mois.
Quelle serait la première mesure à prendre pour bien préparer les JO
de 2020 à Tokyo ?
Notre défaut, c’est d’attendre les derniers mois. 2020, c’est demain et
le succès et les médailles dépendent avant tout de la volonté des
boxeurs eux-mêmes. En dehors des moyens ou des avantages matériels,
l’athlète doit se préparer mentalement pour la gagne. Avant d’attendre
quoi que ce soit, le pugiliste doit compter sur lui-même, se fixer
l’objectif des JO et travailler et consentir des sacrifices pour
l’atteindre.
Faut-il faire appel à un entraîneur cubain pour relancer la boxe
algérienne ?
Nous avons de bons entraîneurs algériens, cela ne fait aucun doute,
mais ce serait bien de ramener un coach étranger pour nous donner
d’autres idées et d’autres méthodes qui ont fait leurs preuves comme
c’est le cas de Cuba.
Le problème, c’est que, chez nous, dès qu’on ramène quelqu’un de
l’extérieur, on lui met les bâtons dans les roues et on casse son
travail. Travaillons la main dans la main et acceptons l’assistance
étrangère et à ce moment-là, on aura peut-être des médailles.
D’ailleurs, je voudrais vous rappeler un exemple.
Quel exemple ?
Celui du Cubain Luis Mariano Gonzales qui avait exercé en Algérie
sans être aidé.
Ensuite, il est parti en France, un pays avec lequel il vient de
remporter six médailles olympiques, ce qui n’est pas rien.
Pour conclure, avec la multiplication des chaînes de TV privées,
allez-vous poursuivre votre expérience de consultant ?
La boxe, ce n’est pas comme le foot, avec un championnat régulier et
des combats toutes les semaines.
J’ai pris du plaisir à travailler sur les ondes de la Chaîne III et je
souhaiterais donner mon avis sur le noble art si on faisait de nouveau
appel à moi.
Propos recueillis par Hassan Boukacem
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