Actualités : 642 millions de personnes seront touchées d’ici 2040
Une tragédie nommée diabète
De notre envoyée spéciale à Copenhague, Salima
Akkouche
Les maladies chroniques non transmissibles sont à l’origine de 77 %
des décès en Algérie et le diabète représente la troisième cause de
mortalité. Une personne décède toutes les six secondes des suites de
cette pathologie dans le monde. Les professionnels de la santé et la
Fédération internationale du diabète tirent la sonnette d’alarme. Ils
interpellent l’aide des gouvernements pour diminuer de l’ampleur de
cette «tragédie» et ses complications.
Selon les dernières données enregistrées en 2015, toutes les six
secondes, une personne décède suite aux complications du diabète. «Le
diabète est un fléau et non plus une maladie chronique», estime le
président de la Fédération internationale du diabète (IDF).
Le Dr Shaukat Sadikot, qui s’exprimait en marge des deux journées sur le
diabète organisées par le laboratoire Novo Nordisk à Copenhague au
profit des journalistes de différentes nationalités, tire la sonnette
d’alarme sur l’ampleur de la maladie. Pour lui, c’est une tragédie ou un
tsunami auquel doivent faire face les gouvernements des différents pays
dans le monde. Les chiffres donnés à la presse pendant ces deux journées
sont effarants et les prévisions sur la propagation de la maladie sont
alarmantes. D’ailleurs, les prévisions données pour 2030 ont été déjà
atteintes en 2011.
Le problème de l’inégalité de l’accès aux soins a été soulevé en
particulier en Chine et en Afrique qui compte 34,2% de millions de
patients atteints de diabète. Une personne perd l’un de ses membres
toutes les vingt secondes dans le monde et une personne diabétique sur
trois est sous dialyse. 673 milliards de dollars sont déboursés pour la
prise en charge du diabète et de ses complications.
Selon le président de l’IDF, la sensibilisation est importante mais
n’est pas suffisante car il faut aussi agir. «Nous avons besoin de la
volonté politique pour permettre l’accès aux soins au plus grand nombre
de malades», dit-il. Selon lui, le monde est en guerre, et
malheureusement, c’est la maladie qui prend le dessus jusqu’à présent.
L’intervenant appelle les gouvernements à faire face à la catastrophe du
diabète de la même efficacité» qu’ils font face aux catastrophes
naturelles. «Nous devons faire quelque chose», clame le spécialiste qui
veut mettre fin à la situation de constat pour passer à la phase de
l’action.
Absence de médecins spécialisés
Selon le président de l’IDF, 95% des patients se présentent chez des
médecins non spécialisés. Qui est habilité à traiter le diabète ? La
prise en charge du diabète est assurée principalement par des médecins
généralistes. Ces derniers doivent, cependant, être au fait des
nouvelles recommandations et des nouvelles molécules. Ceci à travers une
formation médicale continue.
Lancement d’une école de formation virtuelle sur l’éducation
thérapeutique
Le président de l’IDF estime qu’un traitement médicamenteux, à lui seul,
ne suffit pas. L’éducation thérapeutique, dit-il, est l’un des moyens
qu’il faut généraliser pour diminuer des complications de la maladie. Le
président de l’IDF prévoit le lancement d’une école de formation en
éducation thérapeutique au profit des médecins.
Des sessions de formations diplômantes ouvertes aux professionnels de la
santé seront disponibles sur un portail électronique, leur permettant
d’enrichir leurs connaissances en matière de prise en charge de la
maladie et ses complications. La question, dit-il, sera posée en
novembre prochain. La fédération compte également lancer un réseau entre
les patients «Cercle bleu de voix de patients», permettant d’échanger
des informations sur la maladie.
Le diabète en chiffres en Algérie
- 1,7 million de personnes sont atteintes de la maladie.
- 700 000 personnes ignorent qu’elles ont la maladie.
- 90 000 personnes vivent avec leur maladie sans les complications.
- 1% des dépenses de santé sont allouées au diabète et les projections
de ces dépenses vont doubler aussi rapidement que la croissance de la
population de 2010 à 2030, une grande partie de ces dépenses va être
utilisée pour la prise en charge des complications.
Le diabète dans le monde
- 415 millions de personnes sont diabétiques à travers le monde et elles
seront 642 millions d’ici 2040, soit une augmentation de 4% par an.
- 1 adulte sur 11 est diabétique et 1 personne sur 2 ignore qu’elle est
atteinte de la maladie.
- Seulement la moitié des patients qui reçoivent leur traitement
atteignent l’objectif de leur traitement.
- 4 sur 5 personnes souffrant du diabète vivent dans les pays à faibles
et à moyens revenus et 2 personnes sur 3 vivent dans les villes.
- 90% des malades sont des diabétiques de type 2.
- 95% des diabétiques de type 2 sont âgés de plus 40 ans.
- 10% des malades n’ont pas accès aux soins.
- 86 000 enfants développent le diabète de type 1 annuellement.
- Le diabète est à l’origine de 5 millions de décès annuellement.
- 12% des dépenses de santé dans le monde sont allouées au diabète.
Le projet de production d’insuline remis aux calendes grecques
Le partenariat entre le groupe Saidal et la firme internationale Novo
Nordisk pour la production locale d’insuline tarde toujours à voir le
jour.
Annoncées pour le courant de cette année, les premières cartouches
d’insuline humaine made in Algeria sous le label Novo Nordisk, premier
producteur d’insuline dans le monde, totalisant une fabrication de 50%
de production d’insuline existante sur le marché mondial, ne sont pas
encore sorties de l’usine implantée à Constantine.
Signé en 2012, le contrat entre les deux partenaires qui prévoient, en
plus de la satisfaction du marché local, l’exportation d’insuline à
partir de l’Algérie aux autres pays africains, traîne pour prendre forme
sur le terrain.
Dans sa dernière déclaration aux journalistes algériens, Lars Rebien
Sørensen, CEO du laboratoire danois, s’est d’ailleurs refusé à donner
une date fixe pour le lancement effectif de la production.
Ce responsable a indiqué qu’il ne sait pas encore si les premières
cartouches d’insuline sortiront de l’usine en 2017 ou en 2018.
S. A.Entretien avec Lars Rebien Sørensen, CEO de Novo
Nordisk :
«L’Algérie est l’un des marchés les plus importants pour nous»
Le Soir d’Algérie : Que représente le marché
algérien pour Novo Nordisk ?
Lars Rebien Sørensen : L’Algérie est l’un des marchés les plus
importants pour nous dans la région de la Méditerranée. Je dirai même
qu’il est le plus important. Cela est particulièrement dû à la politique
de votre gouvernement qui améliore constamment l’accès aux soins et au
fait que nous nous sommes lancés dans la production locale depuis déjà
des années à travers l’usine de production de comprimés antidiabétiques
par voie orale à Tizi-Ouzou. D’ailleurs, beaucoup de pays ont pris
exemple sur l’Algérie en matière de développement de la production
locale à l’instar de l’Iran. Pour nous, l’Algérie est encore le marché
le plus important et nous comptons y investir davantage. D’ailleurs,
nous avons acquis une assiette de terrain à Alger pour lancer un nouveau
projet de production d’insuline mais je ne peux pas m’avancer sur les
délais du lancement des travaux mais cela pourrait intervenir en 2017 ou
en 2018. Les potentiels de développement dans la région sont énormes.
Ne craignez-vous pas un impact négatif sur vos investissements dans
la région avec la baisse des prix du pétrole ?
Beaucoup de pays dépendent des hydrocarbures comme source de revenus et
lorsque les prix du pétrole baissent comme c’est le cas actuellement, il
est normal que les budgets alloués à la santé soient affectés. La
situation est d’autant plus difficile dans les pays d’Afrique
subsaharienne qui n’ont pas les mêmes ressources que les pays d’Afrique
du Nord où les perspectives de développement sont modérées. Pour nous,
les pays comme l’Arabie Saoudite sont des marchés porteurs, mais
actuellement, ces pays subissent la baisse des prix du pétrole mais
cette situation est temporaire et les choses vont certainement
s’améliorer. D’ailleurs, les régions où nous enregistrons la croissance
la plus rapide sont les régions d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient,
l’Amérique latine et l’Asie du Sud et qui sont donc des régions très
importantes pour nous.
Vous allez lancer une production locale avec Saidal pour un marché
qui ne représente que 10%. Comment ce marché peut-il être gagnant pour
l’Algérie et pour vous ?
Nous ne produisons pas de l’insuline seulement lorsque cela est
profitable pour nous. Nous ne faisons pas de dumping. Ce qui est
important pour nous, c’est d’avoir à offrir aux patients des médicaments
à prix réduits et que cela puisse être profitable pour lui.
Comptez-vous lancer de nouvelles molécules en Algérie ?
La dernière innovation est un produit GLP-1 et il a été enregistré en
Algérie. Malheureusement, beaucoup de patients ayant un diabète de type
2 ont un problème de surpoids et d’hypertension artérielle, ils n’ont
pas accès à ce médicament du fait qu’il ne soit pas encore remboursé.
Nous avons également une nouvelle molécule qui sera approuvée en Europe
et aux Etats-Unis dans environ un an et demi.
Avez-vous un programme de formation médicale continue au profit du
personnel de santé en Algérie ?
Depuis 2010, Novo Nordisk a assuré plus de 220 sessions de formation
multidisciplinaires de qualité au profit des médecins spécialistes,
généralistes, infirmiers, diététiciens et psychologues afin de
d’améliorer leurs compétences dans la prise en charge des patients.
Avez-vous un programme de recherche clinique en Algérie ?
Novo Nordisk est pleinement engagée dans les études cliniques sur le
diabète en Algérie. Ces études permettent non seulement de développer
des médicaments innovants adaptés aux besoins des patients algériens et
un accès précoce à l’innovation mais elles contribuent également à
l’amélioration des connaissances des professionnels de santé qui y
participent. Depuis 2008, nous réalisons deux tiers des études cliniques
menées sur le diabète en Algérie. 6 000 patients et 25 sites de
recherche y ont été impliqués. Nous avons aussi lancé le projet de la
clinique mobile «Changing Diabetes» en partenariat avec le ministère
algérien de la Santé et les autorités de santé locales. Depuis son
lancement en novembre 2011, la clinique a visité plusieurs régions, plus
de 45 000 personnes ont été dépistées et plus de 35 000 personnes
diabétiques ont bénéficié des examens spécialisés gratuits. Nous avons
également ouvert 27 centres baromètres à travers 20 wilayas et plus de
12 000 patients ont été inclus dans la base de données du baromètre qui
est suivi par 150 médecins. Dans l’avenir, 30 centres seront installés à
travers le pays où 24 000 patients vont recevoir des soins et seront
suivis.
S. A.
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