Actualités : MPA : Amara Benyounès effectue sa rentrée politique :
«Il faut en finir avec les dogmes qui bloquent notre économie»


C’est à travers une université d’été, la quatrième du genre, organisée vendredi et samedi au Centre des artistes de Zeralda, que Amara Benyounès et son parti, le Mouvement populaire algérien, a choisi d’entamer sa rentrée politique. Une rentrée pour une année décisive, celle des élections qui pointent déjà à l’horizon et que le parti prépare avec le plus grand soin : «Nous serons présents dans les quarante-huit wilayas et dans toutes les circonscriptions à l’étranger», tranche Amara Benyounès.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «Certains oublient que nous comptons plus de 1 600 élus et que nous sommes la troisième force politique depuis les élections de 2012», expliquait, hier, le patron du MPA dans son discours d’ouverture de cette manifestation baptisée du nom du défunt Mohamed Bendada, ancien membre fondateur du CNSA. Il est vrai qu’avec autant d’élus, le MPA ne sera pas pénalisé par le très contraignant article 4, nouvellement introduit dans le code électoral. Contrairement à beaucoup de partis donc, le MPA qui, par ailleurs, tiendra son deuxième congrès les 2 et 3 décembre prochain à Alger, peut, dès lors, concentrer tous ses efforts sur la campagne électorale proprement dite. Et dans ce genre de compétition, le discours et la visibilité politique priment sur tout. «Nous devons développer un discours très clair pendant la campagne électorale à venir», dira, d’ailleurs, Amara Benyounès qui insistait, hier, sur deux points en particulier : la situation économique et celle sécuritaire. Fort de son expérience dans les affaires, avec de nombreux passages dans le gouvernement où il occupait les postes de ministre de la Santé, des Travaux publics, de l’Environnement et, jusqu’en juillet 2015, du Commerce, l’homme sait de quoi il parle, sur le plan économique en particulier. «Les défis qui nous attendent sur le plan économique sont cruciaux. En premier lieu, il faut sortir d’une économie basée sur le pétrole vers une économie diversifiée. En second lieu, il faut que l’économie algérienne se transforme d’une économie bureaucratique à une vraie économie de marché. Et, sur ce point, il n’y a pas consensus national.» Il ajoutera à ce propos : «Au MPA, notre discours doit être clair : l’économie socialiste a échoué partout dans le monde (…) Il faut mettre l’entreprise au cœur de l’économie. Et quand je dis entreprise, je parle de l’entreprise privée car il n’y a qu’en Algérie que l’on parle encore de l’entreprise publique.» Pour lui, seul le secteur privé est à même de garantir la croissance et la prospérité et, partant, améliorer le pouvoir d’achat du citoyen. «Sur sa lancée, Benyounès évoquera une série de spécificités dogmatiques et typiquement algériennes qui bloquent l’économie nationale à la base. En l’occurrence, «le problème du foncier. Est-ce normal que ce type de problème se pose dans le plus grand pays d’Afrique ? L’Algérie est également le seul pays au monde où toutes les banques nationales sont publiques.»
L’endettement extérieur ? «A entendre certains politiciens, y recourir, serait la pire des trahisons nationales. Or, l’endettement extérieur est une nécessité pour toutes les économies mondiales. S’endetter pour investir, oui. Mais s’endetter pour consommer, non», nuancera cependant le président du MPA. Ce n’est pas tout. «L’Algérie est également le seul pays au monde où la règle des 51/49% est appliquée pour tous les domaines d’activités.» Aussi, partisan de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC, l’ancien ministre du Commerce ironisera : «Savez-vous qui est le dernier pays à avoir adhéré à l’OMC ? L’Afghanistan ! Il faut savoir que cette organisation réunit 165 pays et représente pas moins de 70% de l’économie mondiale.»
«La défaite du terrorisme ne doit pas se transformer en victoire de l’intégrisme»
Sur un autre plan, Amara Benyounès insistera sur un point très sensible : «Depuis 2011, nous avons mis en garde contre ce qu’on appelle le printemps arabe. En Tunisie ? Nous avons vu quel type de jasmin avait engendré ce printemps», en allusion à l’émergence du parti islamiste Ennahda au lendemain de la chute de Ben Ali. «Si la Tunisie n’avait pas un voisin qui s’appelle l’Algérie, croyez-moi qu’il aurait déjà sombré dans le chaos.» Un cas de figure où se trouve justement la Libye. «Pourquoi ceux qu’on appelait des révolutionnaires ou d’opposants en Libye sont subitement désignés comme terroristes quand ils fuient au Mali ? Pourquoi ce fameux printemps arabe n’a touché, comme par hasard, que les républiques et jamais les monarchies du monde arabe ?» s’interrogera Benyounès. A vrai dire, l’Occident a toujours soutenu ou sous-estimé la nuisance terroriste des islamistes et il aura fallu que Daesh frappe à Paris pour que l’on «revoie» le problème syrien par exemple. L’Algérie a toujours souffert de cela, du reste : «Nous avons vécu plus de dix ans de terrorisme que nous avons subi, combattu et vaincu seuls, sans l’aide de personne. Mais aujourd’hui, nous devons faire en sorte à ce que la défaite militaire du terrorisme ne se transforme en victoire politique.» Et la transition est toute faite, avec un cas d’espèce, où la nuisance islamiste sévit sans relâche, depuis deux ans : la réforme de l’école. «Je voudrais dire quelque chose sur cette affaire de réforme du système éducatif. L’école doit former des citoyens et non pas des militants pour un courant politique et idéologique», dira encore Benyounès. Il ajoutera : «Le problème de l’école aujourd’hui est connu : il y a une lutte politique en son sein et cela donne lieu à des grèves, à de la triche et même à une tentative de casser le bac.» Se voulant encore plus précis, Benyounès ajoutera : «A chaque fois qu’il y a tentative de réforme de l’école, les mêmes parties nous sortent avec les mêmes campagnes, les mêmes insultes : impies, hizb França, et même que son grand-père (la ministre de l’Education) est juif !» Or, «ces gens-là qui nous donnent des leçons sur le nationalisme, on sait quelle a été leur position durant la Révolution. Tout comme on sait qui est à l’origine du terrorisme qui a ravagé le pays pendant plus de dix ans», assènera l’orateur en direction des islamistes.
K. A.



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