Actualités : ENVIRONNEMENT
Passer de la gestion administrative à celle économique des déchets
Faire de la récupération des déchets solides un créneau porteur comme
tous les autres, tel est le défi que relève le ministre de
l’Environnement, Abdelkader Ouali, pour qui l’environnement ne peut se
«porter mieux» qu’à travers une vision économique. L’idée est de «passer
de la gestion administrative des déchets à la gestion économique des
déchets» car «c’est un domaine générateur de richesses et surtout
d’emplois», dira M. Ouali en marge de l’ouverture, hier, à la Safex du
Salon sur la valorisation des déchets industriels.
Younès Djama- Alger (Le Soir) - La politique du secteur comporte
également une mise en lien entre les différents acteurs. «Une nouvelle
démarche économique dans le secteur de l’environnement liée au recyclage
des déchets solides à traversé un bon parcours qu’il s’agit maintenant
de renforcer pour que la préoccupation liée au traitement des déchets et
l’investissement dans le secteur soient dans une même cohérence et qui
puissent nous permettre d’être au même niveau que certains pays
leaders», indique Ouali. «Il ne faut plus désormais gérer la question
des déchets selon un modèle administratif (collecte et déchargement dans
les centres d’enfouissement) mais plutôt suivant une logique économique.
Actuellement, le pays dispose de 220 centres de traitement des déchets
ménagers et 80 autres sont en cours de réalisation », a informé le
ministre de l’Environnement. Son collègue de l’industrie, Abdesselam
Bouchouareb, abonde dans le même sens en soulignant la nécessité de
«changer de modèle et de vision pour que les déchets deviennent une
ressource comme toutes les autres ressources susceptibles d’être
exploitées». «Les déchets sont un problème environnemental, mais une
fois traités, ils deviennent une matière première qui peut être bien
exploitée. Dans ce cadre, avec nos collègues de l’industrie, nous avons
commencé la réalisation de certains projets en rapport avec
l’après-traitement des déchets. Bientôt aussi, nous allons installer une
commission mixte qui prendra en charge l’ensemble des demandes
d’investissement dans ce domaine (traitement des déchets et leur
valorisation) suivant nos besoins et nos capacités actuellement
existantes. L’environnement ne peut se porter mieux qu’à travers une
vision économique», a plaidé encore Abdelkader Ouali. Cette démarche est
aussi le souci des industriels souvent pointés du doigt dans la
dégradation de l’environnement. Pour eux aussi, la préservation de
l’environnement est une préoccupation majeure. «LafargeHolcim essaie
d’avoir une politique environnementale de zéro déchet», nous a indiqué,
à cet effet, Karima Freha, directrice environnement et développement
durable à LafargeHolcim. «Nous faisons ce qu’on appelle le tri à la
source, c’est-à-dire que les déchets qui sont générés par notre propre
cimenterie sont triés et sont reconduits pour valorisation, du coup ce
qui est recyclable est recyclé. L’idée, c’est d’avoir zéro déchet. Et on
a même un projet de composte des déchets de la cantine», ajoute-telle.
S’agissant de l’eau, le cimentier a créé un «cycle fermé» qui lui permet
d’avoir zéro rejet d’eau également. «Nous disposons d’une station de
traitement de l’eau au niveau de la cimenterie et toutes les eaux sont
traitées pour être réutilisées, que ce soit pour l’irrigation des
espaces verts pour l’arrosage des pistes pour éviter les remontées de
poussière», note-t-elle. De son côté, le groupe Tonic Industrie prend
les choses en main, car mis en cause dans la pollution du littoral de
Bou Ismaïl. Ses dirigeants en prennent acte mais se défendent qu’ils
soient les seuls à en être responsables. «Ce qu’il faut savoir est que
le site de Bou Ismaïl est une zone industrielle qui regroupe plusieurs
activités, entre autres Tonic Emballage, toutes qui déversent leurs
déchets dans la mer. Pour ce qui nous concerne, dès que nous avons été
interpellés par le ministère de l’Environnement en nous disant que vous
êtes en train de polluer, nous avons tout de suite arrêté, et il s’est
avéré que le phénomène de pollution ne s’est pas arrêté pour autant», a
expliqué au Soir d’Algérie, Dr Adel Derder, président du groupe Algeria
Chemical Specialities (ACS Spa) dont fait partie Tonic Industrie, tout
en laissant entendre que le groupe n’est pas le seul «mis en cause» dans
la pollution du littoral de cette région. Pour autant, le groupe prend
ses responsabilités. Il vient même d’engager des discussions avec un
groupe international en vue d’apporter quelques réajustements à la
station d’épuration des eaux installée au niveau de l’usine. Ce projet
est en cours de finalisation et la «nouvelle» station sera
opérationnelle «au plus, durant le mois de mai 2017», a-t-il précisé.
Y. D.
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