Actualités : SAHARA OCCIDENTAL : LA ZAMBIE PUIS L’ÉGYPTE ET LE MAROC S’AFFOLE
Capture et imagination
De notre bureau de Bruxelles,
Aziouz Mokhtari
Collectant sur le dossier sahraoui déboires sur déboires, Rabat a
«capturé» dans sa folle imagination des soldats... algériens. Attention
à la provocation de trop.
Il serait naïf, voire idiot de croire ou de laisser croire que les
récentes provocations marocaines (captures de soldats algériens !) sont
de la pure invention de bulles médiatiques. Du tout ! Elles s’inscrivent
dans une démarche conçue, étudiée et bien huilée. Des laboratoires, des
experts, des conseillers et des lobbies tant du palais, du gouvernement
Benkirane qu’étrangers y travaillent inlassablement. Avec minutie.
Précaution. Les décisions réfléchies et bien réalisées de l’armée
algérienne, verrou autour des frontières d’avec le Maroc, la route de la
drogue, en définitive et le soutien sans failles de la diplomatie
algérienne à la cause sahraouie, font, il est vrai, sortir du bois les
faucons du Makhzen. Au plan sécuritaire, Rabat sait, pertinemment, qu’il
ne peut en rien déstabiliser l’Algérie et au plan politique, il
enregistre déboires sur déboires sur le dossier sahraoui. La dernière en
date est le retour à la raison de l’Égypte qui, selon les fuites
organisées par les médias de ce pays dans Bruxelles, capitale de l’UE,
en nombre, ici, s’achemine vers un alignement sans triche et sans ruser
sur le consensus africain et onusien sur la question sahraouie. Preuve
en est, selon la Sahafa du Caire, l’invitation faite au président du
Parlement sahraoui de se rendre au pays de Djamel Abdennasser. Il est
vrai que même si officiellement rien ne filtre, côté marocain, sur le
nouveau positionnement de l’Égypte, les commentaires, les piques et les
allusions méchantes concernant l’Égypte indiquent, clairement, que le
Maroc ne tardera pas à s’attaquer frontalement à la diplomatie de Sissi.
Un article paru dans un média proche du palais de Rabat a, déjà, ouvert
les hostilités en accusant l’Égypte de «retomber» (sic) encore une fois
«dans le piège tendu par Alger». Ce qui annonce une passe d’armes
pathétique entre le Caire et Rabat. Juste avant ce que semble être une
tendance lourde du positionnement égyptien, la Zambie par la voix de son
président avait tenu à rappeler son soutien «total» au Front Polisario
et à la RASD. Alors que pendant des semaines et des semaines, la presse
marocaine présentait le pays de Keneth Kaunda comme ayant «lâché» les
Sahraouis et rejoint le camp de ceux qui soutiennent «la marocanité du
Sahara». Pour autant, la vigilance doit rester la règle d’or pour
l’Algérie et la République sahraouie. Acculé qu’il est de partout sur le
statut final de ce territoire, identifié comme non-autonome, relevant de
la doctrine des Nations-Unies en matière de décolonisation, le Maroc
peut se laisser entraîner sur les pistes dangereuses et aux conséquences
imprévisibles de la provocation de trop. L’imaginaire «capture» de
soldats de l’armée algérienne peut, parfaitement, s’inscrire dans cette
néfaste perspective.
A. M.
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